3ème long métrage du maître de la Nouvelle Vague, ce film est pourtant le 2nd à sortir en salles après "A Bout de Souffle" (1959) et parce que "Le Petit Soldat" (1960) est encore sous le coup de la censure. On peut dire que ce film lance la période prolifique où Jean-Luc Godard trouve sa muse qui va lui offrir sa période la plus faste. En effet, le cinéaste découvre Anna Karina dans une publicité, et après qu'elle ait refusé de jouer dans "A Bout de Souffle" car elle ne voulait pas de déshabiller elle apparaît dans "Le Petit Soldat". Ce film est donc à la fois leur "vrai" début autant à la ville qu'au cinéma. Mais si comme à son habitude le scénario est également signé de Godard l'idée même de l'histoire revient en fait de Geneviève Cluny, comédienne qu'on a pu voir dans "Les Cousins" (1959) de Claude Chabrol et "Les Jeux de l'Amour" (1960) de Philippe De Broca...
Angela est en couple avec Emile, et elle désire un enfant rapidement. Devant le peu d'empressement de son compagnon elle lui donne un ultimatum, ce qui place Alfred, un ami de Emile, dans de bonne disposition... Le trio est incarné par, évidemment Anna Karina qui joue donc ici dans son 2nd des 13 films qu'elle tournera pour Godard jusqu'à "Le Plus Vieux Métier du Monde" (1967), le conjoint est joué par Jean-Claude Brialy qui retrouvera Godard et Karina justement dans "Le plus Vieux Métier du Monde", puis l'ami est interprété par Jean-Paul Belmondo qui retrouve donc Godard après le chef d'oeuvre "A Bout de Souffle" (1960) et qui retrouvera le couple Godard/Karina pour "Pierrot le Fou" (1965). A noter qu'il faudra attendre "Les Acteurs" (2000) de Bertrand Blier pour retrouver Brialy et Belmondo dans un même film, sans avoir de scène commune pour autant. En prime, deux petits rôles pour Jeanne Moreau et Marie Dubois qui seront à l'affiche du futur film culte "Jules et Jim" (1963) de François Truffaut... Après le sérieux du sujet de "Le Petit Soldat" (la guerre d'Algérie), dans ce film, considéré à juste titre comme son film le plus léger, Godard rend surtout un hommage à sa façon à la comédie musicaleur. A sa façon car Godard bouscule une nouvelle fois les codes du genre et mêle dans un patchwork surréaliste les styles qui font qu'on a surout l'impression que le film est un succession d'expériences cinématographique sans franchement suivre l'histoire pourtant intétressante. Ainsi on suit les pérégrinations d'une jeune femme qui veut être maman sans qu'on y croit vraiment, un conjoint qui veut nous être montré comme immature (la preuve il fait du vélo dans l'appartement !), et l'ami du couple semble tout près de prendre la place de son ami, par amitié cela va de soit.
Mais le côté musical du film se résume à des passages tonitruants et casse-oreilles comme des sursauts parsemés tout le long du film (musique signé de Michel Legrand tout de même !). C'est agaçant (pour être poli !), c'est jamais cohérent avec les scènes et/ou les dialogues, c'est volontairement absurde (?!)... La plupart des dialogues sont donc inaudibles car parasités par des séquences musicales impromptues. A côté de ça Godard use également de dialogues incrustés dans l'image, les personnages brisent parfois le 4ème mur (le fait de s'adresser directement au spectateur), des choix dont Godard se fait déjà une spécialité sans que ça serve franchement son histoire. Tout ses choix réside surtout dans sa prétention d'être le génie le plus original dont le Septième Art aurait sans doute besoin... Selon lui ! Le soucis, c'est que malgré le charmes du trio d'acteur, le séquences fantaisies à laquelle on ne manque pas de sourire, le fond du sujet qui reste universel, les quelques moments de grâces la mis en scène prétentieuse, l'esbroufe à toutes les sauces nosu empêchent de vraiment nous immerger dans cette histoires. Ca part dans tous les sens, à tel point que la forme prend le dessus sur le fond qui devient finalement très anecdotique. On oscille donc entre agacement et ennui, parsemé de temps à autres d'instant magique qui nous sort de notre torpeur. Le film sera un échec, mais la postérité lui offre toutefois une renaissance. Entre autres on peut citer le film "Les Chansons d'Amour" (2007) de Christophe Honoré qui rend un hommage au film (même quartier, même jeu avec les panneaux lumineux, citation reprise, vélo dans l'appartement...).