L’un des films les plus attendus de ces dernières années arrive enfin. Et l’attente ne doit pas décevoir. Normal quand Scorsese, De Niro et Pacino sont réunis. Et voilà que ça débarque sur Netflix et ce n’est pas forcément le film de gangsters que l’on attendait… mais tant mieux car the Irishman propose un requiem du genre.
Adapté du livre sur l’homme de main Franck Sheeran qui aurait tué Jimmy Hoffa que De Niro a fait découvrir à Scorsese, the Irishman revient sur 40 ans d’histoire pendant 3h30 … mais centrée vraiment sur trois personnage au crépuscule de leurs vies.
Le film commence par un plan séquence comme Scorsese l’avait fait pour les Affranchis … à ceci près qu’il se déroule dans une maison de retraite pour aboutir sur un De Niro vieilli prêt à nous raconter sa vie et ses remords. Oui, le message est clair, le réalisateur ne va pas traiter son sujet avec le dynamisme et la dynamique des affranchis, ni de manière opératique comme l’était Casino. Non, avec the Irishman sera un film qui prendra son temps et qui regardera la vie passer.
Adieu les gangsters
C’est ainsi que pendant 3h30 nous allons découvrir la vie de Franck Sheeran et son entrée dans la pègre, homme de main qui n’a pas à mener sa vie et qui se fera diriger par les autres. Un format long, d’autant plus que le film reste très intimiste et on y sent clairement les longueurs. Mais c’est un complètement adapté au sujet du temps qui passe, des disparitions qui vont clairsemer la vie et des regrets qui vont y être associés.
En ce sens, la dernière partie du film verse pleinement dans une mélancolie douce-amère, émouvante, inédite dans le cinéma de Scorsese. La fin forcée d’une amitié, une famille qui s’est détournée de son patriarche, une fin seule et misérable … voilà toute la tristesse qui nous envahi pour un gangster qui a vécu trop longtemps.
Au delà du maquillage numérique
Si le réalisateur s’approprie le matériaux pour en faire le requiem touchant du film de gangster, qui permet d’oublier la technique parfois loupée mais souvent bluffant, il ne faut pas oublier les acteurs qui portent cette histoire. Enfin nous avons un De Niro investi et qui, s’il n’arrive pas à nous faire oublier sa démarche de 70 ans même lorsqu’il incarne le Sheeran de 50 avec le maquillage numérique le moins réussi, donne à émouvoir dans sa solitude. Mais ce son surtout Al Pacino et Joe Pesci qui retiennent l’attention. Avec un processus de de-aging incroyable sur les deux acteurs, le premier vole le show dès son apparition charismatique avec son personnage obstiné et aveugle au système alors que le second véhicule une douceur qu’on ne lui connaissait pas.
Bien entendu, avec sa longueur et son côté intimiste, son visionnage à la télé sur Netflix n’est pas optimal, mais il n’empêche que the Irishman est un superbe portrait intimiste doublé d’un adieu émouvant d’une troupe à un genre qui aura marqué le cinéma. En somme, l’un des plus beaux drames de l’année.