Nous avons abordé ce thème du sacrifice dans cet article : LE SACRIFICE COMME MESURE DE L’INTRIGUE.
L’acte héroïque est certes un acte exemplaire qui doit aider à guider nos vies. Nous pourrions éprouver de l’admiration pour ces héros qui font le sacrifice de leur vie (symboliquement souvent) pour le bien de la communauté.
Ou serait-ce plutôt de la pitié pour ce héros tombé dont la seule raison d’être fut un sacrifice ?
Parce que tous les héros sans exception se sacrifie. C’est un geste honorable qui est conté dans les mythes fondateurs ou non d’ailleurs qui possèdent un fond de vérité pour les hommes des premiers temps et dans les légendes et les fables qui ont une portée davantage morale ou symbolique et qui sont alors plutôt considérées comme des histoires fictives et édifiantes mais sans réalité.
De nos jours qui sont plus désabusés, on ne remet pas en question cette notion sacrificielle du héros d’une histoire. La nécessité du salut est profondément enracinée dans notre imaginaire collectif et le besoin de trouver de nouveaux héros, de nouveaux modèles est fortement présent.
Seulement, il y a une prise de conscience que l’homme moderne n’a plus besoin qu’on lui explique le monde ou bien qu’on lui dicte sa conduite.
Par les événements historiques qui sont de plus en plus à la portée de tout un chacun (même si l’effort est insuffisant quand il s’agit d’en prendre connaissance), par la science qui repousse constamment les limites de nos connaissances, par les religions elles-mêmes qui vérifient leurs croyances par des preuves archéologiques, l’individu des sociétés modernes ne comble plus son ignorance dans le récit d’un acte héroïque.
La remise en question du héros
Donc la nécessité du héros importe encore. Mais ce que la fiction conte dorénavant, c’est le constat amer que le geste héroïque est anéanti par les propres disciples du héros.
C’est ce que Joseph Campbell semble vouloir dire lorsqu’il mentionne que le héros revient de son aventure (qui est représentée par la forêt) avec de l’or (ce qu’il a appris de cette aventure et qu’il entend partager avec sa communauté et c’est précisément ce partage qui est aussi précieux que l’or) et que cette communauté ne voit que de la cendre dans sa signification du néant et non pas de la régénérescence, ce sens qu’elle a pris au fil du temps biblique ou de destruction comme l’histoire de l’humanité lui a donné cette cruelle vérité.
Il semblerait que l’homme moderne ait oublié ce que les trois grandes religions apprennent. Et ce qu’elles nous disent et que nous ne sommes plus capables d’entendre, c’est que les épreuves du voyage héroïque sont nécessaires à l’accomplissement de l’être humain (et pas seulement du croyant).
Il ne peut y avoir de récompense sans renonciation et sans payer le prix du passage. Car l’épreuve est inhérente à la condition humaine. Nul n’échappe aux vicissitudes de l’existence. Nous sommes les héros et nos ancêtres nous ont montré la voie du sacrifice.
Il faut cesser de n’avoir d’intérêt qu’en soi. S’abandonner aux autres est une épreuve en soi que l’on n’accepte plus. Les mythes nous parlent d’un changement de nos mentalités, d’acquérir un nouvel état de conscience.
Et pour Joseph Campbell, c’est une véritable épreuve et c’est précisément ce que nous apprennent les mythes. Nous pensions d’une certaine façon et le mythe nous explique que nous devons changer notre mode de pensée.
L’épreuve a des conséquences. La plus importante d’entre elles est la révélation qu’elle apporte. C’est une sorte d’illumination soudaine. En narration, cela se nomme aussi anagnorisis. Pour Campbell, épreuve et révélation sont l’illustration de la démarche héroïque, de ce Hero’s Journey que l’on peut recopier dans nos écrits.
THRILLER : DA VINCI CODE