De Diao Yinan
Avec Hu Ge, Gwei Lun Mei, Liao Fan
Chronique : Polar âpre mais sophistiqué, Le Lac aux Oies Sauvages offre, à travers la traque d’un chef de gang fugitif, une vision assez terrible de la Chine et de la violence qui y règne, bien loin de l’image que le pouvoir en place souhaite donner. Diao Yinan impose un style foisonnant, riche de détails et d’idées de mise en scène très pensées.
Tourné principalement de nuit, Le Lac offre de superbes tableaux baignés dans des lumières artificiels. La minutie apportée à l’élaboration des plans et à l’éclairage au néon imprègne le film d’atmosphères très signifiantes, que ce soit par son appréhension de l’espace, la saturation des couleurs (rouge, bleu, vert…) mais surtout son travail sur le son, omniprésent.
Cette mise en scène à la fois flamboyante et sensorielle s’exprime également dans la représentation de la chasse à l’homme, en particulier à travers des plans séquences complexes tournés dans les dédales des rues et des appartements pékinois. Ils sont entrecoupés de fulgurances de violence brutes et soudaines.
Mais cette démonstration formelle se fait souvent au détriment du sens. Sans doute mon œil européen ne saisit-il pas tous les codes du polar chinois, mais Diao Yinan nous perd rapidement dans la narration et finit par lasser. L’intrigue en soit n’est pas passionnante et pas d’une grande clarté, surtout quand il faut démêler les jeux d’influence au cœur de la guerre des gangs à qui la police elle-même est assimilée. Le jeu peu expressif des acteurs n’aide pas beaucoup non plus.
Le Lac des Oies Sauvages est un bel effort esthétique de la part d’un réalisateur faiseur et un poil poseur, mais compliqué à appréhender. Il est conséquent difficile d’y adhérer totalement.
Synopsis : Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.