Un grand merci à StudioCanal pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’ange noir » de Jean-Claude Brisseau.
« Pour une fois l’argent de la famille servira à quelque chose d’utile »
Une femme vient de tuer un homme chez elle. Il s’appelle Wadeck Aslanian. Elle, c’est Stéphane Feuvrier, l’épouse de Georges Feuvrier, un magistrat intègre héritier d’une très grosse fortune. Ils ont une fille de 18 ans, Cécile. Avec l’aide de Fernande, son alliée de toujours qui est à son service, Stéphane organise une mise en scène pour faire croire à une tentative de viol et légitimer son crime…
« Cette femme était un rayon de soleil dans cet univers sombre qui en avait bien besoin »
Dans le paysage cinématographique français, Jean-Claude Brisseau a toujours fait figure de personnalité atypique. Et pour cause : ce grand cinéphile passionné de cinéma américaine depuis l’enfance devra mettre de côté ses ambitions artistiques et ses rêves de septième art pendant près de vingt années durant lesquelles il mènera une première carrière d’enseignant. Ce n’est qu’à la fin des années soixante-dix, au hasard d’un festival de court-métrages amateurs, qu’il sera repéré par Eric Rohmer qui lui donnera le coup de pouce nécessaire pour concrétiser ses rêves de cinéaste. Si ses premiers films revêtent ainsi une dimension sociale prégnante en traitant notamment du malaise et de la violence des banlieues (« Un jeu brutal », « De bruit et de fureur »), son cinéma évoluera néanmoins rapidement vers des œuvres plus sensuelles, centrées sur la question du désir et de la sexualité féminins (« Choses secrètes », « A l’aventure »).
« Elle a fini par épouser un président de Cour d’assises. Quel drôle de chemin elle a parcouru »
En 1994, il réalise « L’ange noir », un film qu’il voit comme un hommage au film noir classique américain, genre qu’il a toujours affectionné particulièrement. Libre relecture du film « La lettre » (1940) de William Wyler (lui-même adapté d’une pièce de Somerset Maugham), « L’ange noir » suit l’enquête menée par un avocat réputé sur le passé de sa cliente, une riche et désirable notable provinciale qui vient de commettre un meurtre en état de légitime défense. Débutera alors pour lui un jeu de piste fait de manipulation, de sensualité et de perversion. Mais au final, cet « Ange noir » rappelle moins les classiques du cinéma américain que les petits polars provinciaux de Claude Chabrol, dans lesquels il brocardait les travers hypocrites de la bourgeoisie. Faussement sulfureux, le film se perd par ailleurs dans une intrigue aux rebondissements improbables et dont les personnages semblent avoir des rapports pour le moins télescopés. Un constat d’autant plus dommage que pour son premier et unique grand rôle au cinéma, Sylvie Vartan se révèle très convaincante en garce passionnée, vénéneuse et manipulatrice.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale française (2.0).
Côté bonus, le film est accompagné d’une Préface de Jean-Baptiste Thoret (7 min.), de « L’Ange noir » revu par Antoine Baecque (39 min.) et d’un Entretien avec Sylvie Vartan et Jean-Claude Brisseau pour l’émission Le Cercle de Minuit (1994, 16 min.).
Edité par StudioCanal dans la collection « Make my day ! » (dont il constitue le numéro 16), « L’ange noir » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 25 septembre 2019.
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