Un grand merci à StudioCanal pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Extrême préjudice » de Walter Hill.
« Ne bougez pas, sauf si vous aimez la tarte au plomb ! »
À Benrey, petite ville frontière entre le Texas et le Mexique, Jack Benteen rencontre bien des difficultés dans sa lutte contre le réseau de drogue monté par son ami d’enfance Cash Bailey. Jack reçoit l’aide d’un commando militaire, envoyé tout exprès par le Pentagone, groupe mercenaires commandé par l’impitoyable Hackett et exclusivement composé de soldats, anciens du Viêt-Nam. En fait, Hackett contrevient aux ordres de ses supérieurs. Il souhaite reprendre à son compte le trafic de drogue de Cash. Bon gré mal gré, Jack se retrouve ainsi obligé de pactiser pour un temps avec Cash. Tandis que la ville devient le théâtre d’une bataille rangée entre trafiquants et mercenaires, les deux anciens amis vont enfin régler leurs différends. Seul à seul, ils s’affrontent en duel…
« J’ai toujours trouvé que c’était mauvais pour la santé de donner son flingue »
Walter Hill, c’est l’histoire d’un grand cinéphile, passionné de cinéma depuis l’enfance, qui préfère étudier la littérature que de faire une école de cinéma. En véritable autodidacte, il intègre donc l’industrie cinématographique à la fin des années 60, en qualité d’assistant réalisateur. Il travaille notamment sur deux gros films de la star du moment, Steve McQueen : « L’affaire Thomas Crown » et « Bullit ». Mais c’est son travail de scénariste qui lui apporte véritablement la reconnaissance au début des années 70. Il signe avec « Guet apens » pour Sam Peckinpah, « Le piège » pour John Huston, « La toile d’araignée » pour Stuart Rosenberg puis plus tard « Alien le huitième passager » pour Ridley Scott. Autant de succès qui lui permettent rapidement d’écrire et de diriger ses propres films à partir du milieu des années 70. Il développera ainsi une riche filmographie intégralement vouée au cinéma de genre, avec un goût prononcé pour les films d’action (« 48 heures », « Double détente », « Sans retour »…). Mais loin d’être le cinéaste bourrin auquel on voudrait parfois le limiter à tort, Walter Hill demeure un réalisateur passionnant en ce qu’il n’aura de cesse de réinventer au gré de ses films le western et le film noir « classiques » dont il tente de transposer les codes dans des univers contemporains. Comme un trait d’union entre le cinéma classique de l’âge d’or et le cinéma de divertissement contemporain.
« C’est un pays extraordinaire ici. N’importe qui peut faire ce qu’il veut tant qu’il a les moyens de se payer des amis »
D’ailleurs, aussi étonnant que cela puisse paraitre, les rares incursions de Walter Hill dans l’univers balisé du western ont souvent été décevantes (« Le gang des frères James », « Geronimo », « Wild Bill »). Ce dernier n’étant jamais aussi bon que lorsqu’il s’agit de faire des westerns « modernes » dans des cadres contemporains (revoir à ce titre les excellents « Les guerriers de la nuit » ou « Les rues de feu »). Tourné en 1987 d’après une histoire de John Millius (scénariste de « L’inspecteur Harry » et des « Dents de la mer », mais aussi réalisateur de « Conan le barbare »), « Extrême préjudice » est centré sur l’affrontement à distance qui oppose un shérif adjoint texan à son ami d’enfance devenu le chef d’un puissant cartel mexicain, et qui sera perturbé par l’arrivée en ville d’un commando de barbouzes aux motivations des plus floues. Un synopsis éminemment riche qui permet au réalisateur de construire un western complexe et dopé à la testostérone (formidable scène de l’attaque de la station-service). Dans la lignée des grands classiques américains, le film s’interroge sur l’ambiguïté très américaine entre le Mal et le Bien qui demeurent toujours intimement liés (l’amitié entre le shérif et son antagoniste ; les mercenaires de l’Etat avec leurs identités frauduleuses et leurs motivations troubles). Mais surtout, avec ses décors poussiéreux, sa violence aussi brutale que jouissive et sa thématique de la frontière, cet « Extrême préjudice » est pour Walter Hill l’occasion d’un hommage à peine masqué à son mentor Sam Peckinpah, jusque dans son final dantesque qui renvoie ouvertement à celui de « La horde sauvage ». Terriblement efficace, le film doit aussi sa réussite à son casting, le minéral Nick Nolte en tête, ainsi qu’à toute une série de « gueules » (Rip Torn, Powers Boothe, Michael Ironside…). Un film totalement jouissif.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une Préface de Jean-Baptiste Thoret (5 min.), de « Extrême préjudice revu par Walter Hill » (56 min.), « Walter Hill, un cowboy à Hollywood » (21 min.) ainsi que d’une Bande-annonce originale du film.
Edité par StudioCanal dans la collection « Make my day ! » (dont il constitue le numéro 17), « Extrême préjudice » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 30 octobre 2019.
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