Le jeune Ahmed

Un grand merci à Diaphana ainsi qu’à Cinetrafic pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le jeune Ahmed » de Jean-Pierre et Luc Dardenne.

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« J’aimerais tellement que tu redeviennes comme tu étais »

En Belgique, aujourd’hui. Le jeune Ahmed, 13 ans, vit avec sa mère dans un quartier populaire de banlieue quelque part en Wallonie. Enfant jusqu’ici sans histoire, il a embrassé il y a peu la religion. Alors que des changements s’opèrent au quotidien dans son attitude, il se retrouve pris entre les idéaux de pureté de son imam et les appels de la vie.

« J’arrive plus à prier, c’est comme si j’étais impur »

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Auteurs engagés venus du documentaire, les frères Dardenne ont su imposer en l’espace de trois décennies de carrière leur petite musique personnelle en construisant une œuvre atypique entièrement dédiée à leurs préoccupations sociales. En une dizaine de films, ils auront ainsi su établir un portrait de la Belgique profonde, mettant en lumière les marginaux, la misère, l'exclusion et les injustices sociales d'une société à la dérive. De quoi en faire, d'une certaine manière, les équivalents belges de Ken Loach. Ainsi après la chômeuse désespérée de « Rosetta », l'ouvrière miséreuse de « Deux jours une nuit », l’immigrée précaire des « Silences de Lorna » ou encore le jeune délinquant du « Gamin au vélo », ils abordent avec « Le jeune Ahmed » la question de la radicalisation religieuse. Un sujet hautement sensible et d'autant plus d'actualités que les récentes vagues d'attentat en Europe ont mis en lumière l’importance de la Belgique comme plaque tournante et base arrière des réseaux terroristes.

« Si je ne veux pas me convertir, ça veut dire que tu ne ressentira plus rien pour moi ? »

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On y suit ainsi le jeune Ahmed, adolescent d'une banlieue populaire belge endoctriné par un cousin et par un prétendu imam de son quartier. Sa radicalisation, aussi forte que soudaine, sera de nature à déstabiliser son entourage, impuissant face à cette situation. S'il y avait là matière à faire un film réaliste fort, force est toutefois de constater que les Dardenne passe en partie à coté de leur sujet. La faute à une mise en scène naturaliste qui ne fait qu’effleurer les sujets (la scène où une mère de famille est mandatée pour détourner la communauté de la professeure d’arabe) et qui multiplie les répétitions de rituels sans réel intérêt cinématographique (Ahmed qui fait ses ablutions, Ahmed qui lit les versets, Ahmed qui fait sa prière...) en évitant finalement de traiter des vraies questions de fond (le communautarisme, Ahmed qui refuse de serrer la main ou de faire la bise aux femmes, opposition maladroite entre intégration et intégrisme). La faute aussi à un scénario bâclé, aux enchainements télescopés (la jeune adolescente qui déclare soudainement sa flamme à Ahmed sans que personne n’ait rien vu venir). Mais plus encore on reprochera aux cinéastes leur angélisme absurde, voulant coûte que coûte offrir une rédemption à leur personnage quitte à ce qu'elle arrive sans raison et comme un cheveu sur la soupe dans les ultimes plans du film. Comme si au fond, il suffisait de croire en la part de bonté qui sommeille en chacun pour espérer changer les individus et les ramener dans le droit chemin. Même les plus dangereux. Et pendant ce temps-là, les cinéastes ne disent pas un mot sur l'importance de l'éducation et de la mixité. Difficile de faire plus absurde sur un sujet de cette gravité. Cette fois, l'artificialité des procédés des Dardenne ne prend plus.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (5.1 et 2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien inédit de plus d’une heure avec les frères Dardenne.

Edité par Diaphana, « Le jeune Ahmed » est disponible en DVD depuis le 1er octobre 2019.

Le site Internet de Diaphana est ici. Sa page Facebook est ici.

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