Co-production franco-espagnole (via Le Pacte), ce nouveau film du réalisateur Rodrigo Sorogoyen lui a été inspiré par les scandales politiques à répétition de ces dernières années en Espagne : "Le sujet central (...) C'est le mensonge comme manière de vivre. Aucun film n'avait encore été fait sur la corruption espagnole d'aujourd'hui (...)". Après ses films "Stockholm" (2013) et surtout "Que Dios Nos Perdone" (2017) le cinéaste collabore à nouveau avec sa co-scénariste Isabel Pena. Précisons que le titre veut dire "Le Royaume"... On suit Manuel Lopez-Vidal, homme politique influent qui se retrouve impliqué dans une affaire de corrpution alors qu'il doit entrer à la direction de son parti. Il entre alors dans un cercle vicieux...

Le rôle principal Lopez-Vidal est incarné par Antonio De La Torre, grand acteur espagnol qu'on a vu de "Ne Dis Rien" (2004) de Iciar Bollain à "Companeros" (2019) de Alvaro Brechner en passant par (2006) de Pedro Almodovar, "Balada Triste" (2011) de Alex de La Iglesia et "La Isla Minima" (2015) de Alberto Rodriguez. Son épouse est jouée par Monica Lopez révélée dans "Intacto" (2002) de Juan Carlos Fresnadillo, le couple retrouve le réalisateur après "Que Dios Nos Perdone". A leurs côtés, citons également l'acteur Joseph Maria Pou vu dans "Mar Adentro" (2004) de Alejandro Amenabar et "Blancanieves" (2013) de Pablo Berger, Puis l'actrice Barbara Lennie qu'on a pu voir récemment dans "Oro, la Cité Perdue" (2017) de Agustin Diaz Yanes et "Everybody Knows" (2018) de Asghar Farhadi... La première bonne idée est que, pour une fois dans un thriller politique, le point de vue est celui du corrompu et non pas d'un reporter coriace ou d'un flic incorruptible. Un politique qui est dans les rouages depuis trop longtemps sans doute et dont les magouilles sont devenues si "normales", faisant finalement parties intégrantes du boulot qu'il ne réagis que quand il est déjà trop tard. Favorisant la caméra à l'épaule pour accentuer le stress d'abord, la panique ensuite, le réalisateur instaure aussi une paranoïa prenante. La caméra suit ce Manuel Lopez-Vidal sans juger et démontre que tout le monde et tous sont au courant des collègues et soit disant amis jusqu'à son épouse qui retourne sa veste aussi facilement que ses ex-amis.

Si les autres politiques sont montrés comme tous à mettre dans le même sac, le personnage de l'épouse est sasn doute le plus intéressant ; aimante et loyale elle se permet pourtant ensuite de s'en laver les mains alors même qu'elle connaissait et acceptait sans sourciller les cadeaux en nature que son époux rapportait. On se prend très vite au jeu mais dans un même temps il est dommage que les tenants et aboutissants restent si flous, jamais on ne comprend de quoi il s'agit vraiment. Ok tous pourris, les motifs sont énumérés mais l'affaire n'est jamais "matérialisée". C'est un melting-pot, un pot pourri d'affaires politico-financière, qui devient presque granguignolesque quand on arrive à un "twist" qui se résule un peu facilement à "tous pourris tous copains". La toute fin apporte l'apothéose démago avec une grande leçon de morale qui finit par nous lasser, heureusement c'est fini... le pire reste la musique, ou plutôt le bruit incessant et omniprésent qui s'entend comme une intruse. Le film reste intéressant avec notamment un acteur principal excellent, la partie qui va de l'inculpation au "twist" est très efficace mais il reste laborieux et trop manichéen pour convaincre pleinement. Beaucoup d'esbroufe qui suffise au film pour être sacré au Goya (César ou Oscar espagnol) avec pas moins de 7 prix dont meilleur réalisateur et meilleur acteur. Un film pourtant nettement surestimé malgré ses qualités. et son ambition.

Note :