Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 22 Decembre au 28 Decembre
Dimanche 22 Decembre.
Mary Poppins de Robert Stevenson sur W9.
À Londres, au début du XXe siècle, M. Banks, un banquier prospère, et son épouse, une suffragette affairée, cherchent une nounou pour leurs deux enfants turbulents. En effet, la dernière en date vient de démissionner. Ils finissent par faire paraitre une petite annonce à laquelle une certaine Mary Poppins répond.
Véritable prouesse technique à l’époque, Mary Poppins est un indéniable tourbillon d'inventivité visant à créer un univers tel un pont entre le monde morose, grisâtre et ennuyeux des adultes et celui chatoyant, cartoonesque et léger des enfants. Ceci donne quelques magnifiques moments de pur émerveillement, Stevenson travaille ses ambiances tout autant que les différentes tonalités, si la séquence animée est indéniablement Disney-ienne, la scène des toits s’imbibe elle d’une splendide poésie. Mary Poppins prend les allures d’une vraie comédie musicale qui ne cesse de se balader de chanson en chanson avec en son centre, une histoire universelle, celle d’un père s’étant perdue et tentant de se reconnecter avec ses enfants. Mary Poppins a aujourd’hui ce charme désuet qui lui confère cette magie.
Mais aussi... France 2 propose Aladdin de John Musker et Ron Clements. Après l’horrible version live de Disney cette année il est nécessaire de retourner à l’original. Pourquoi ? Tout simplement, car le dessin animé est un petit bijou, tout à la fois enivrant, cartoonesque, poétique, flamboyant, il contient une réelle performance de Robin Williams, qui donne au génie toute sa puissance comique que les animateurs semblent avoir parfaitement compris. Allez, comment dire non à un petit prince ali oui c’est bien lui...
La soirée continue avec... Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki à 22 h 35 sur France2. Alors, oui, quand on évoque Miyazaki on a vite fait de qualifier chacun de ses films comme un chef d’œuvre. Il faut dire que le japonais a rarement vacillé dans sa carrière, et Le voyage de Chihiro ne viendra pas démentir cela. Véritable épopée aussi foisonnante qu’effrayante, un conte initiatique ancré dans la culture de son pays et qui pourtant embarque n’importe quel spectateur. Un des grands films de son auteur dont la découverte est une chance.
Lundi 23 Decembre.
Le Tailleur de Panama de John Boorman sur Arte.
Andy Osnard, espion britannique cynique, est muté à Panama. Il croit avoir trouvé l’informateur idéal en la personne de Harry Pendel, un ancien escroc devenu un tailleur très prisé. En échange d’informations, le couturier est assuré de ne pas voir son passé peu reluisant révélé à sa femme.
Entre deux James Bond, Pierce Brosnan faisait une infidélité à Ian Fleming pour aller s’acoquiner avec John LeCarré. Mais, attention, si les deux auteurs ont évolué dans le même genre, l’espionnage, leur style est très différent. Le film de Boorman n’est pas un spectacle bondien bourré d’action et grand méchant, ici, la fiction devient le mensonge et fait du long-métrage une apologie du faux qui savoure son ambigüité. Portrait nuancé et subtil de deux menteurs, le tailleur réminiscence de l’ère coloniale d’un côté et l’espion produit de l’ère Tatcherienne. En filigrane, Boorman articule une réflexion sur la paranoïa tout autant qu’une satire, jubilatoire au rythme effréné, qui cache une cruelle vérité. Du très bel ouvrage qui prouve que Brosnan n’est jamais meilleur que quand il délaisse son martini et son nœud papillon.
Mais aussi... TF1 dégaine Star Wars VII : le réveil de la force de J.J Abrams. Soit le film qui devait réenchanter la saga Star Wars après une prélogie largement décevante. Après avoir brillamment relancé les sagas Mission Impossible et Star Trek, J.J Abrams signe un film en forme d’aventure spatiale aussi émouvante qu’épique. Jouant avec les codes de la saga tout en parvenant a les réinventer grâce notamment a une Rey qui s’implante sans mal comme une figure incontournable de cette nouvelle galaxie.
Sinon... Cherie25 propose Ma Meilleure Ennemie de Chris Columbus. Un long-métrage qui s’inscrit dans la pure tradition hollywoodienne, mais qui contient beaucoup de cœur et d’intelligence. Un film qui aborde des sujets délicats, le divorce, mais également le cancer, la mort qui rode, des thématiques fortes qui s’avère soulignées avec subtilité évidant l’écueil du mélo. Bien évidemment que le film est émouvant, bouleversant même, mais il est aussi fait avec tendresse, et c’est peut-être pour cela qu’il trouve le bon dosage et peut ainsi pleinement s’apprécier.
Mercredi 25 Decembre.
8 Femmes de Francois Ozon sur Arte.
Dans les années 50, on se prépare à fêter Noël dans une grande demeure bourgeoise. Mais, une découverte macabre bouleverse ce jour de fête. Le maître de maison est retrouvé assassiné dans son lit. Autour de lui, huit femmes qui deviennent autant de suspectes…
Dans ma détestation assez forte du cinéma de François Ozon, 8 Femmes apparaît comme l’exception. La seule à ce jour. Réenchantant l’esprit des 50’s, Ozon convoque les icônes du présent, Deneuve, Huppart, Ardant, Darrieux et compagnie comme pour ramène celles du passé, Crawford, Shearer, Fontaine, Hepburn. Se délestant de toute notion de réalisme, il plonge ses actrices dans une ambiance digne d’un roman d’Agatha Christie mais où la plume se fait burlesquement illogique. Multipliant les artifices il ose la surprise et se prélasse sur une note d’émotion, il côtoie le kitsch et fini par offrir un petit chef-d’œuvre.