Acteurs : Max Boublil, Alice Isaaz, Malik Zidi, Arthur Perier-Pillu,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h48min
Synopsis :
En 1993, Max a 13 ans quand on lui offre sa première caméra. Pendant 25 ans il ne s’arrêtera pas de filmer. La bande de potes, les amours, les succès, les échecs. Des années 90 aux années 2010, c’est le portrait de toute une génération qui se dessine à travers son objectif.
Critique :
Parlant sincèrement du passé pour mieux (re)tracer le présent et l'avenir de son héros (tout comme le nôtre),#PlayLeFilm est un portrait found footage authentique, touchant et drôle de la génération 90's, un feel good movie irrésistible shooté à la nostalgie et à la mélancolie. pic.twitter.com/svNoFbgq8N— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 1, 2020
Force est d'avouer que passé le très chouette Les Gamins (bien aidé par la prestation impliquée du toujours génial Alain Chabat), le tandem Max Boublil/Anthony Marciano avait tout pour être le petit vent frais dont la comédie hexagonale a constamment besoin pour contrer ses nombreux élans paresseux et lourdaud, qui font toute la saveur (non) de notre humour populaire national.
Pas de bol, ils avaient salement déjoué les attentes en se fourvoyant dans un tâcheron sans nom, Robin des Bois - La Véritable Histoire, à tel point qu'il était franchement difficile d'être enthousiaste à l'idée de les retrouver à la tête d'un troisième long.
Monumentale erreur comme le dirait si bien ce bon vieux Jack Slater, puisque Play est tout simplement ce qu'ils ont concoctés de mieux, et peut-être même l'un des meilleurs bouts de cinéma qu'il nous sera donné de voir en ce riche début ciné 2020, tant ils retrouvent toutes la saveur de leur premier essai - une bromance à " l'américaine " intergénérationnelle et jouissivement régressive -, pour l'amener vers quelque chose de plus maîtrisé et abouti, mais surtout infiniment plus sincère.
Personnel et donc furieusement empathique et universel, la péloche suit les contours d'un concept férocement accrocheur : nous faire revivre un quart de siècle d'une vie - Max - et de celles qui gravitent autour, à travers des moments intimes volés par une caméra (des images d'archives du héros, un apprenti cinéaste), jouant pleinement avec la nostalgie de celle-ci et de facto, directement, avec la notre.
Usant du found footage avec malice (le héros adore tout filmer, pas besoin de plus pour légitimer intelligemment le concept sans partir dans une justification alambiquée) pour mieux le renouveler à un moment ou on y croyait totalement pas (ou plutôt plu), Marciano croque une tendre comédie façon balade enthousiasmée et enthousiasmante dans le temps sans DeLorean mais avec des marqueurs référentiels ravageurs et ne frisant jamais avec l'overdose du bon goût (entre dates clés, tubes populaires et évolutions technologiques majeurs).
Des instantanés et des souvenirs qui s'articulent tous plus ou moins autant autour d'un véritable fantasme d'adulte (revivre son passé est le rêve de tout nostalgique qui se respecte) que d'un jeu de séduction joliment contemporrain dans son rapport de force homme/femme (étonnamment équilibré sur de nombreux points), n'ayant même pas peur de plonger tête la première dans une mélancolie rappelant d'une certaine manière, le fabuleux 500 Days of Summer de Marc Webb, malgré quelques incohérences béantes - et un personnage bien plus orgueilleux.
Parlant du passé pour mieux retracer le présent (la lubie de Max à tout filmer, le rapproche du tout connecté d'aujourd'hui, une heure ou tout se filme ou se photographie avec una banalité parfois effrayante) et l'avenir, assez solidement incarné (Max Boublil, même s'il est trop vieux pour son personnage, et Alice Isaaz sont exceptionnels) et cohérent de bout en bout (même si son dernier tiers est plus convenu), Play est un joli portrait de la génération 90's, un tendre feel good movie shooté à l'émotion et à la nostalgie.
Une irrésistible bulle de légèreté drôle, sincère et authentique qui traite avec justesse du difficile passage de l'enfance à l'âge adulte, et vous fera réaliser que oui, l'année ciné 2020 commence vraiment, vraiment bien...
Jonathan Chevrier