Les anges de la nuit

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les anges de la nuit » de Phil Joanou.

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« Elle aime notre argent mais d’où il vient »

Terry Noonan revient après plusieurs années d'absence dans le quartier de Hell's Kitchen a New York, fief des Irlandais. Il retrouve ses anciens camarades en pleine guerre avec la mafia italienne qui menace la communauté irlandaise. Terry est un fait un policier infiltré. Il va êtred échiré entre sa loyauté pour son vieux quartier et son sens de l'ordre...

« On est comme Robin des bois. Et moi je suis frère Tuck ! »

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L’Amérique a toujours entretenu un rapport ambigu avec sa mafia. Une relation étrange, faite de fascination autant que de dégoût pour cet univers du crime organisé, sorte de société de l’ombre régie par ses propres lois et codes, mais dont les principaux leaders ont toujours ouvertement eu pignon sur rue (Al Capone, Lucky Luciano, Sam Giancana, Meyer Lansky…). Et à New-York peut-être encore plus qu’ailleurs, celle-ci revêt un caractère communautaire, chaque groupe (irlandais, italiens, chinois, juifs, afro-américains…) contrôlant son quartier. Un système parallèle qui aura fait naitre toutes sortes de fantasmes et qui aura grandement inspiré les cinéastes, de Coppola (« Le parrain ») à Scorsese (« Les affranchis », « Casino », « Les infiltrés ») en passant par De Palma (« Scarface », « L’impasse », « Les incorruptibles »), Leone (« Il était une fois en Amérique ») ou Scott (« American Gangster »).

« Depuis qu’on marche ensemble ton frère est une épine dans ton pied. Chaque battement de son coeur m’insulte. Alors dis-moi : vas-tu enfin te décider à retirer cette épine ? »

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En 1990, Phil Joanou nous propose sa propre vision de la mafia avec « Les anges de la nuit » dont la sortie fut quelque peu éclipsée par le succès des « Affranchis » de Scorsese. Prenant pour cadre un petit gang irlandais du quartier new-yorkais de Hell’s Kitchen, le film – tel celui de Scorsese – traite de l’absence de distanciation entre ce qui relève du fonctionnement du Milieu et de celui de la famille. Et donc à un brouillage des frontières entre le Bien et le Mal. Une perte de repères progressives qui viendra mettre à mal la mission d’un jeune flic infiltré, tiraillé entre son devoir moral et l’amitié qu’il porte aux hommes du gang avec lesquels il a grandi et qu’il doit trahir. Là où Scorsese privilégiait une approche naturaliste grandiloquente, Phil Joanou préfère construire son histoire à la manière d’une tragédie classique, avec un héros doté d’une dualité qui lui confère une dimension sacrificielle quasi christique à l’heure de s’engager dans une lutte fratricide dont personne ne sortira gagnant. Bien que classique, l’intrigue se révèle bien menée (le mystère autour de la mission du héros est savamment entretenu jusqu’à la moitié du film) et réserve son lot de scènes dantesques (l’égorgement du joueur endetté ou le règlement de compte final). Sa réussite doit aussi beaucoup à ses acteurs (Sean Penn, Gary Oldman, Ed Harris, John Turturro, John C. Reilly), peut-être moins exubérants que les protégés de Scorsese, mais tout aussi flippants. Un film de gangsters aussi sordide que solide.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec le réalisateur Phil Joanou ainsi que d’une Interview de Samuel Blumenfeld, journaliste cinéma au journal Le Monde.

Edité par Rimini Editions, « Les anges de la nuit » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 5 novembre 2019.

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