Synopsis :
Une nouvelle adaptation des " Quatre filles du Docteur March " qui s'inspire à la fois du grand classique de la littérature et des écrits de Louisa May Alcott. Relecture personnelle du livre, Les filles du Docteur March est un film à la fois atemporel et actuel où Jo March, alter ego fictif de l'auteur, repense à sa vie.
Sortie il y a quelques semaines maintenant, le nouveau film de Greta Gerwing (Lady Bird) ne fait pas beaucoup de bruit, à coté des Star Wars : Rise of the Skywalker, Bad Boys for life ou encore Underwater ; difficile de se faire une place au soleil. Cependant, cette adaptation du roman Les quatre filles du docteur March de Louisa May Alcott a tout d'une nouvelle petite pépite filmique.
Après avoir réalisé le très bon et émouvant Lady Bird, Greta Gerwing revient à la réalisation d'un nouveau film basé sur l'acceptation de soi, du monde, de l'amour et de la condition féminine. Des thèmes larges mais chères à la réalisatrice qui les aborde avec une finesse rare, sans jamais trop en faire, et tout en restant très poétique que ce soit dans l'écriture ou la réalisation.
Un film réalisé avec brio, avec quelques effets de montages notables à l'image de certains ralentis ou certains passages d'une lumière grise pour le présent aux lumières chaudes pour revenir en arrière ; apportent une touche particulièrement belle et dramatique à l'œuvre. Le cadrage ainsi que certains mouvements de caméras dénote d'un long métrage axé sur une poésie tragique, inspirée des meilleurs Woody Allen, sans toutefois que ce soit copié ; mais aussi d'une véritable maitrise de la mise en scène et en valeur de certains décors ou costumes.
Greta Gerwing nous emmène dans un univers qui est le siens, avec cet humour extrêmement présent qui témoigne à merveille de la tristesse cachée et des questionnements sur l'existence. Les musiques à la fois mélancoliques et romantiques accentuent à la fois l'humour et la tristesse du récit, contraste avec cette idée de présent sombre, gris ; et ce passé si chaleureux, si lumineux. Il s'agit d'une véritable fresque romantique et dramatique de la part de cette réalisatrice et narratrice de talent.
Le film ne cesse de balader le spectateur entre cette nouvelle-Angleterre et New-York, entre ce passé si radieux et ce présent si chaotique, à tel point que nos questionnement envers les personnages fusent tout au long du film, et maintiennent un intérêt considérable pour le spectateur envers les personnages. Et la question principale qui revient à chaque scène reste la suivante : Comment ont-ils pu passer de ce bonheur infini à cette situation de solitude et de tristesse ?
Friedrich Bhaer (Louis Garrel) in Greta Gerwig's LITTLE WOMEN.
La réalisatrice conte alors point par point chaque raisonnement des personnages tournant, bien souvent, autour de Laurie passant d'un bon " prince " à une " calamité " comme le décrit la charmante tante, Joséphine March. Chaque personnage pose et se pose des questions sur son avenir ou sur comment ils en sont arrivés là. On suit particulièrement Jo March, une jeune écrivaine dont l'idée de liberté et d'indépendance dicte sa vie. Seulement, étant seule, elle remet en question son idéal de liberté à de nombreuses reprises, selon les mésaventures du récit.
Tous les personnages principaux fonctionnent de cette manière, ce qui donne une évolution parfaitement orchestrée de chacun d'entre eux qui aboutira à un final qui malheureusement, ne sera pas à la hauteur du film.
La finalité extrêmement convenue (bien qu'elle puisse être comprise puisqu'il s'agit d'une adaptation) déçoit, tant le reste du film est à la limite du brillant. Et bien que l'humour allège quelques peu cette déception d'une fin aussi convenue et commune, il n'en reste pas moins que le goût amer ne peut être oublié si facilement.
Dommage ; après tant d'effort de la part de la réalisatrice et de ses acteurs absolument grandioses ! Et cela se ressent dans leur jeu d'acteur à la fin, que ce soit Emma Watson jusqu'ici sublime ou Timothé Chalamet époustouflant; la qualité de leur jeu s'estompe au fur et à mesure. Difficile pourtant de ne pas leur rendre hommage, à eux, à Saoirse Ronan (étoile montante au talent grandiose), Laura Dern (aussi sublime que dans Marriage Story ), Florence Pugh, Louis Garrel (dont l'anglais reste toutefois à approfondir...) ou encore Bob Odenkirk ; qui rendent ce film si intéressant et si beau à regarder. Un casting assez jeune, qui démontre tout son talent dans un film qui regorge de profondeur dans ses thématiques et ses traitements de personnages. Un long métrage d'une intelligence exquise qui traite du féminisme avec une justesse loin d'être évidente, mais aussi de l'amour et de la maturité, notamment artistique, qui marque assurément le cinéma montant de Greta Gerwing.
Les filles du docteur March est un film marquant, qui souffre d'une fin un peu trop banale pour un métrage dont le potentiel est aussi énorme, tant dans le fond que dans la forme. Cependant, il reste assurément une pépite ô combien agréable à regarder qu'il faut ne absolument pas hésiter à découvrir.