Adapté du roman "The dark of the Sun" (1965) de Wilbur A. Smith, cette histoire s'inspire de faits réels, ou plutôt s'inscrit dans un contexte réel autour de la décolonisation du Congo belge, des évènements de la rébellion Simba, de la sécession du Katanga et de l'opération Dragon Rouge (Tout savoir ICI!). Ce film intitulé en V.O. "The Mercenaries" est réalisé par Jack Cardiff un des plus fameux Directeur Photo ayant oeuvré sur quelques grands films comme "Le Narcisse Noir" (1949) du duo pressburger-Powell, (1951) de Albert Lewin et "Les Vikings" (1958) de Richard Fleischer. Passé derrière la caméra avec notamment "Amants et Fils" (1960) et "Les Drakkars" (1964) il met cette fois en image un scénario adapté par Ranald MacDougall auteur sur "Aventures en Birmanie" (1945) de Raoul Walsh, "Le Grand Alibi" (1950) de Alfred Hitchcock, "Quand la Marabunta Gronde" (1954) de Byron Haskin ou encore "Cléôpatre" (1963) de J.L. Mankiewicz...
En 1960, en pleine décolonisation des mercenaires sont engagés par le président pour rapatrier des colons occidentaux et surtout rapporter 50 millions de dollars de diamants... Le chef des mercenaires est incarné par Rod Taylor devenu une star grâce à "Les Oiseaux" (1962) de Alfred Hitchcock, et vu depuis dans deux autres films de Cardiff, "Le Jeune Cassidy" (1964) et "Le Liquidateur" (1965). Son bras droit est interprété par Jim Brown star du football américain devenu acteur notamment dans "Les 12 Salopards" (1967) de Robert Aldrich. L'atout charme revient à la jolie Yvette Mimieux qui a connu le succès avec "La Machine à Explorer le Temps" (1960) de George Pal et "Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse" (1962) de Vincente Minnelli. On peut citer encore le médecin alcoolique joué par Kenneth More abonné aux films de guerre comme "Le Jour le plus Long" (1962) et "la Bataille d'Angleterre" (1969) de Guy Hamilton, puis l'acteur allemand Peter Carsten souvent vu en nazis comme dans "Les SS frappent la Nuit" (1957) de Robert Siodmak... A noter qu'outre le contexte historique avéré, lepersonnage du mercenaire allemand est directement inspiré du vrai mercenaire Siegfried Müller ex-officier de la Wehrmacht. Le tournage a été effectué en Jamaïque, en Angleterre pour les intérieurs. Le contexte géo-politique est survolé mais l'atmosphère pesante avec cette sensation d'être sur une poudrière et le coté exotique toxique suffit à nous immerger dans cette guerre terrible. Le film surprend surtout de par la violence qui y est montrée et assumée. Une violence qui impressionne autant par le paroxysme collectif que par les exécutions sommaires dont les victimes étaient particulièrement rares encore en 1965. Le film marque les esprits notamment sur 2-3 passages sans concessions. Jack Cardiff réussit à passer le message sans jouer les donneurs de leçon, il montre les violences outrageantes sans édulcorer mais aussi sans complaisance.
Le partage entre les scènes d'action et les passages plus intimistes est particulièrement judicieux sans jamais tomber dans le pathos ou l'outrance. Par contre, il semble que le réalisateur se soit un peu perdu dans les méandres de son scénario ou en ait faciliter certains rebondissements. Ainsi l'héroïsme rédempteur est parfois un peu facile et surtout, surtout, on se demande bien ce que deviennent les diamants ! (pourtant au centre de la mission !). Jack Cardiff signe un film de guerre qui préfère occulter tout romanesque pour mettre en avant le sadisme et/ou la sauvagerie de tous, même si certains ont des raisons plus nobles que d'autres. On comprend sans mal que le film a été interdit au moins de 12 ans lors de sa sortie en salles. Le film est décrit par Martin Scorcese comme un de ses "plaisirs coupables", et on est pas du tout surpris d'apprendre qu'il s'agit d'un des films préférés de Quentin Tarantino qui se servira de la musique pour son film "Inglourious Basterds" (2009) dans lequel un certain Rod Taylor incarnait Winston Churchill !... En conclusion un excellent film, audacieux et ambitieux qui mérite qu'on s'y attarde. A voir.
Note :