Une Belle Equipe (2020) de Mohamed Hamidi

Par Seleniecinema @SelenieCinema

A ne pas confondre avec le classique "La Belle Equipe" (1936) de Julien Duvivier. Après trois films plutôt réussis avec "Né Quelque Part" (2012), (2016) et "Jusqu'ici Tout va Bien" (2019) le réalisateur Mohamed Hamidi a eu l'idée d'un film initialement intitulé "Les Footeuses". Le cinéaste explique : "Je me suis dit qu'il était vraiment temps d'écrire une histoire avec des héroïnes. Et comme le foot reste quand même un bel exemple de bastion masculin, j'ai trouvé intéressant d'inverser les valeurs et le pouvoir dans ce domaine."... A priori louable on ne peut pourtant que remarquer que son idée date de 2018 où d'autres films ont eu le même sujet en tête avec "La Permission" (2018) de Soheil Beiraghi et "Comme des Garçons" (2018) de Julien Hallard. Soudain, le projet de Hamidi sent bon l'opportunisme et/ou le réchauffé surtout que ces deux précédents ont une qualité particulière : l'Iran dans le premier, l'époque plus patriarcale pour le second. Certains pourront s'ils le souhaitent mettre cela sur une simple coïncidence. Les femmes dans le foot avaient déjà reçu les honneurs avec des films comme "Joue-la comme Beckham" (2002) de Gurinder Chadha et "Gracie" (2007) de Davis Guggenheim...

Aujourd'hui, dans un village du Nord, une équipe de foot masculine est suspendue suite à une bagarre. Le seul moyen d'être maintenu semble donc reposer sur les femmes du village qui montent leur équipe afin de tenter de gagner l'unique point en trois matchs qu'il faut au village pour être maintenu... L'entraineur de l'équipe est incarné par Kad Merad vu dernièrement dans l'échec "Just a Gigolo" (2019) de Olivier Baroux, mais surtout, anecdote amusante, il a joué dans "Faubourg 36" (2008) de Christophe Barratier qui n'est autre que le remake de "La Belle Equipe" (1936) de Duvivier. Chez les hommes on peut citer Alban Ivanov en plein boom après "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche et "Inséparables" (2019) de Varante Soudjian, puis Guillaume Gouix qui retrouve après "Les Rois du Monde" (2014) de Laurent Laffargue et (2014) de Cédric Jimenez sa partenaire Céline Sallette, leader des femmes dont on peut citer Laure Calamy vue récemment dans "Seules les Bêtes" (2019) de Dominik Moll et Sabrina Ouazani qui était déjà dans "Jusqu'ici Tout va Bien", et qui était dans "La Source des Femmes" (2011) de Radu Mihaileanu qui a en commun avec "Une Belle Equipe" d'avoir le même scénariste, Alain-Michel Blanc... Comme à son habitude Mohamed Hamidi signe un nouveau face à face, c'était le Maghreb contre la France dans "La Vache", la cité contre les bobos dans "Jusqu'ici tout va bien", cette fois c'est hommes contre femmes. Mais il faut avouer que cette fois le cinéaste tombe dans la facilité et une caricature complètement dépassé des relations hommes-femmes. C'est ce qui fait toute la différence par exemple avec le film "Comme des Garçons". En effet, le football féminin n'a jamais été aussi respecté qu'aujourd'hui, et la place de l'homme au foyer montré dans ce film est presque anachronique.

Sur ces deux points, pourtant essentiel en 2020, sont aussi peu subtils que faciles. Ainsi le film montre des hommes (tous !) complètement perdus sans leur femme, tous aussi primaires qu'un match de foot (soit jaloux maladif, soit alcoolo beauf, soit bourgeois maître de son monde... etc...) tandis que les femmes sont toutes parfaites même dans leur "petits" défauts. Louable dans un sens tant on sent que le cinéaste a voulu rendre un hommage au sexe "faible", il n'en demeure pas moins que le film manque totalement de modernité même si on n'oublie pas que les femmes ne seront jamais les égales des hommes au foot ! Par là même, certaines les réactions masculines (tous !) sont d'une caricature manichéenne d'une autre époque ; repositionné cette histoire dans les années 50-60 par exemple et ça passera. Alors on peut se reposer sur un dossier de presse qui insiste sur l'entraînement intensif des femmes pour le tournage, sous la houlette notamment de Aurélie Meynard ex-joueuse de l'Equipe de France féminine. Malheureusement la mise en scène de Hamidi ne met jamais réellement en valeur le jeu féminin, et les matchs de foot sont un condensé clippesque de séquences ennuyeuses. Heureusement, il reste quelques passages drôles (mais trop rares) et les acteurs sont vraiment bons, on mettra un point bonus pour Alban Ivanov et Laure Calamy. En conclusion, mieux vaut revoir les autres films sus-cités, celui-ci est sympathique sans plus, mais son côté vieux jeu est trop d'un autre temps pour convaincre pleinement. Ce premier râté de Mohamed Hamidi sera vite oublié...

Note :