Le Prestige (2006) de Christopher Nolan

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Adapté du roman éponyme (1995) de Christopher Priest, ce sont d'abord des producteurs qui ont approché l'auteur. Ce dernier ayant été très impressionné par les premières oeuvres de Christopher Nolan dont son premier long "Memento" (2000), les producteurs proposent le projet au jeune réalisateur alors en pleine promo pour son film. Il accepte après la lecture du roman et demande à son frère Jonathan de co-écrire le scénario avec lui. Vu les autres productions Nolan en cours avec "Insomnia" (2002) et "Batman Begins" (2005), il faudra plusieurs années pour aux deux frères co-scénaristes pour aboutir à un scénario satisfaisant, qui aura l'approbation du romancier lui-même. Les succès des films, et surtout du "Batman Begins" facilitent le financement...

A la fin du 19ème siècle, alors que Alfred Borden est accusé du meurtre de son rival Robert Angier, le récit nous ramène dans le passé où les deux hommes magiciens étaient associés avant de devenir rival jusqu'à pousser les deux hommes à rechercher le tour qui va leur offrir le titre du plus grand magicien ayant existé... Les deux magiciens sont incarnés par Hugh Jackman devenu une star avec la trilogie (2000-2003-2006), et Christian Bale qui retrouve Nolan après "Batman Begins" et qui retrouve par là même Michael Caine. Jackman quant à lui retrouve sa partenaire Scarlett Johansson juste après "Scoop" (2006) de et avec Woody Allen, cette dernière retrouvera peu de temps après sa camarade Rebecca Hall dans "Vicky Cristina Barcelona" (2008) de Woody Allen. Dans des rôles plus secondaires, on retrouve la star David Bowie dans un de ses tous derniers rôles au cinéma, Piper Perabo révélée par "Coyote Girls" (2000) de David McNally et Andy Serkis désormais connu grâce à son incarnation de Gollum dans la trilogie "Le Seigneur des Anneaux" (2001-2002-2003) de Peter Jackson... Le titre fait référence aux trois étapes d'un tour de magie, la Promesse, le Tour et enfin le Prestige. Néanmoins il faut préciser que ces trois étapes sont une invention du romancier et repris par les scénaristes. Par contre, les scénaristes ont supprimé deux parties, la sous-intrigue spiritualiste et la partie contemporaine avec les descendants des deux magiciens. Des modifications approuvées par Christopher Priest. D'emblée Christopher Nolan impose un climax mystérieux en adéquation avec la magie ambiante, en prime des décors et des costumes soignés.

La confrontation entre les deux artistes est prenante jusqu'à ce tour où la seule explication logique devance le twist du réalisateur-scénariste. Mais Nolan est assez talentueux pour relancer l'intérêt sur son intrigue, captivé par l'issu forcément fatal mais dont on veut connaître le pourquoi du comment. Le second et ultime rebondissement laisse un petit goût amer car il entr'ouvre la porte du fantastique alors même que le film méritait à minima une certaine crédibilité. En effet, un prestidigateur n'est crédible que parce qu'il y a un truc, un truc qui s'explique forcément techniquement ou scientifiquement. Cette histoire offre donc un dernier dénouement un peu facile. Dommage... Et pourtant le récit est prenant, on est impatient de savoir, de comprendre, et le paramètre Tesla et Edison n'y est pas pour rien, apportant là un gage scientifique loin d'être anodin. Les acteurs offrent de surcroît des performances inspirés, dont les femmes qui enrichissent le contexte intime des ces deux magidiens. En conclusion Christopher Nolan signe un très beau film esthétiquement, qui pêche un peu par le choix du fantastique plutôt que d'assumer la prestidigitation pure.

.