Si les films sur le cirque sont légion, même pendant la période de l'Âge d'Or, la plupart n'explorent pas les airs. Après le succès du chef d'oeuvre du genre "Sous le plus Grand Cirque du Monde" (1952) de Cecil B. De Mille et ses Oscars, voici donc le second film à offrir du grand spectacle autre que des freaks et des clowns. Le film est confié au réalisateur surtout connu pour son chef d'oeuvre "Le Troisième Homme" (1949). Outre le grand Ben Hecht (non crédité), Le film est signé du scénariste Liam O'Brien auteur de "Si l'on Mariait Papa" (1951) de Frank Capra, de James R. Webb surtout connu pour des westerns dont "Vera Cruz" (1954) et "Bronco Apache" (1954) tous deux de Robert Aldrich et tous deux avec un certain Burt Lancaster. Ce dernier, monstre sacré alors au sommet, était particulièrement attaché au projet, d'abord en tant que co-producteur (non crédité) et surtout parce qu'il a été lui-même ancien artiste de cirque et trapéziste... Arrivé au cirque Bouglione, Tino est un jeune trapéziste qui souhaite travailler avec la légende Mike Ribble pour tenter le triple saut périlleux mais ce dernier a été grièvement blessé en le tentant. Malgré tout Ribble accepte de l'apprendre au jeune Tino chez qui il perçoit un talent unique, et accepte de reprendre les airs mais en tant que réceptionniste. Tout semble aller pour le mieux jusqu'à ce qu'une autre artiste s'immsice au sein du duo...
La légende du triple saut est évidemment incarné par l'athlète Burt Lancaster, et son jeune acolyte par Tony Curtis. Les deux acteurs s'étaient déjà croisés sur "Pour toi, j'ai Tué" (1948) de Robert Siodmak, Lancaster était déjà une star tandis que Curtis débutait. Les deux acteurs se retrouveront sur "Le Grand Chantage" (1957) de Alexander Mackendrick et "Le Dernier de la Liste" (1963) de John Huston. L'atout charme et vecteur de tension, le rôle de la femme est tenue par la sculturale Gina Lollobrigida dont la plastique était mise en valeur dans les comédies italiennes mais qui étaient surtout exotiques à l'international comme dans "Notre-Dame de Paris" (1956) de Jean Delannoy et "Salomon et la Reine de Saba" (1959) de . L'actrice garde sa voix en V.O. comme en V.F. Dans un rôle plus secondaire citons l'actrice Katy Jurado connue depuis "Le Train Sifflera Trois Fois" (1952) de Fred Zinnemann, première mexicaine à obtenir le Golden Globe du meilleure seconde rôle féminin pour ce film... Au vu des risques techniques les acteurs sont évidemment doublés, et si Burt Lancaster a sa doublure il effectue la grande majorité des séquences aériennes jusqu'au triple saut périlleux, le statut de la star ayant sans aucun doute permis ce risque. Précisons que le tournage s'est déroulé à Paris et notamment au Cirque d'Hiver Bouglione. Le film reprend un canevas connu, toujours efficace comme dramaturgie, où un ancien prend sous son aile un jeune loup avant que celui-ci ne devienne la vedette à son tour. Le grain de sable ayant les charmes d'une femme sublime mais prête à tout pour parvenir à ses fins.
Dans ce film il est marquant de remarquer que l'artiste jouée par Lollobrigida soit su vénale et dénuée de scrupule tout en sachant se faire aimer, des deux trapézistes comme des spectateurs ! Le triangle amoureux, s'il n'a rien de surprenant, fonctionne à merveille avec une jolie osmose. Mais la vraie qualité du film réside avant tout dans le charme du Paris des années 50 quartier Cirque d'Hiver, puis également dans l'immersion fidèle au sein de cet univers avec la mise en avant du trapèze à une époque où il paraissait encore bien plus impressionant. En prime des costumes et des décors fen adéquation avec des acteurs flamboyants. Le film sera un des plus gros succès au box-office 1956, et obtiendra deux Ours, Prix du Public pour Carol Reed et Meilleur Acteur pour Burt Lancaster. Un peu moins impressionnant que son prédécesseur De Mille mais il reste une film de toute beauté même s'il est doté aussi d'une certaine mélancolie.