Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, Mark Strong
Chronique : Oui, 1917 est une prouesse technique éblouissante et un geste de réalisateur aussi maîtrisé que virtuose. Sam Mendes y filme en quasi temps réel une mission de sauvetage dans le camp anglais au cœur du bourbier de la première guerre mondiale. Le résultat est impressionnant, indéniablement immersif et haletant.
Tout juste peut-on remarquer une coupe visible le temps d’un évanouissement du héros pour laisser passer la nuit. Ce sera le seul moment du film où l’on ne suit pas minute par minute le personnage principal. Cette petite pirouette permet surtout à Mendes d’enchainer les plans entre le crépuscule et l’aube alors que Schofield traverse un village éventré par la férocité des combats, un squelette urbain flamboyant éclairé à la flamme des canons et par de brasiers fumants.
Une scène qui symbolise l’accord parfait entre la mise en scène de Mendes et la splendide photographie de Roger Deakins (Blade Runner 2046, Sicario, Skyfall …), qui élève le travail du réalisateur, tout comme l’imposante bande originale de Thomas Newman.
La mise en scène de Mendes se caractérise par cette volonté permanente de capter l’urgence de cette mission, la menace létale des combats et les conséquences dramatiques de son échec potentiel à travers un seul et unique plan séquence apparent. Peu importe qu’il triche un peu, ça ne se voit pas et l’effet est sidérant. La caméra ne lâche par conséquent jamais Schofield et nous non plus, tenus en haleine et plongés dans l’horreur crasse de la guerre et le chaos comme rarement (jamais) depuis Il faut sauver le soldat Ryan.
On aurait pu penser que la forme écraserait le fond, mais ce serait mal connaître Mendes.
C’est certes viscéral, ultra réaliste mais le cinéaste ne dévie pas de sa réputation de fin observateur de l’humain. Bien aidé par l’interprétation fiévreuse et le regard terrifié de George MacKay, jeune acteur peu connu mais déjà brillant dans Pride ou Captain Fantastic, il introduit du cœur au milieu de la monstruosité de la première guerre mondial.
Un chef d’œuvre formelle, une œuvre brillante dans sa réalisation et touchante dans ce qu’elle dit sur la survie, la fraternité et le courage. Le film à voir de ce début d’année.
Synopsis : Pris dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient assigner une mission à proprement parler impossible. Porteurs d’un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake, ils se lancent dans une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.