Avec Max Boublil, Alice Isaaz, Malik Zidi
Chronique :Malgré son côté expérimental, Play ne se laisse jamais dépasser par son concept : une comédie romantique en found footage dans laquelle le héros Max se lance dans le montage du film de sa vie en rassemblant toutes les vidéos qu’il a tournées (quasi) sans discontinuer depuis ses 13 ans. Des vidéos de lui, de sa famille, de sa bande pote… Le risque valait le coup car Play tient formidablement bien la route. L’artifice narratif grâce auquel le spectateur découvre le film fictif de Max en même temps que ce dernier le crée marche parfaitement. Il permet à Play d’assumer pleinement son statut de comédie romantique en faisant de la relation entre Max et Emma son fil rouge.
Il permet aussi et surtout de revisiter les années 90 comme si on y était. Play sera vécu différemment selon l’âge que vous avez, mais pour un quadra comme moi né à peu près la même année que le héros, il résonne forcément avec une nostalgie bienveillante.
Des films entre potes avec le premier caméscope familial dans lesquels on se faisait disparaître grâce à un montage « à la main », aux tubes FM de l’époque en passant par l’évènement majeur qui aura conclu notre adolescence, la Coupe du monde 98, Anthony Marciano parvient à saisir l’essence de ces moments-là. Les fringues, le grain des images, les bugs techniques, l’effet est très réussi et les faux rushs sont plus vrais que nature. Mais si ça fonctionne si bien, c’est aussi que l’histoire qui se déroule devant nous amuse et émeut. Cette bande des 4 est particulièrement attachante, et les acteurs qui les interprètent sont très à l’aise pour traduire le détachement des instants volés ou l’anxiété que peut provoquer une caméra pointée sur soi.
Par moment, rares et maîtrisés, Play joue la carte du mélo, mais encore une fois avec pas mal de tact. Son concept lui permet d’évoquer avec distanciation le temps qui passe, les amis qui s’éloignent on ne sait pas trop pourquoi, les proches qui disparaissent…
Certes, certains passages paraissent un peu forcés et le film accuse parfois des sérieuses baisses de rythme mais il est globalement très bien tenu, cohérent sur son concept, et déploie un mélange de douce nostalgie et de tendresse. Une tendresse d’ailleurs plus orientée vers ses personnages que sur l’époque dans laquelle ils ont évoluée. L’audace formelle n’empêche donc pas un fond solide.
Il est dommage que Play n’ait pas trouvé son public, car il s’inscrit parfaitement dans le renouveau de la comédie française actuel, qui mise en premier lieu sur la qualité de son écriture et des histoires qu’elle veut raconter (Mon Inconnue, La Belle Epoque, Le Jeu, Papa ou maman…).
Play fait parti de cette famille-là.
Synopsis : En 1993, Max a 13 ans quand on lui offre sa première caméra. Pendant 25 ans il ne s’arrêtera pas de filmer. La bande de potes, les amours, les succès, les échecs. Des années 90 aux années 2010, c’est le portrait de toute une génération qui se dessine à travers son objectif.