Cinéaste néo-zélandais, on peut dire que Taika Waititi a eu un début de carrière atypique. Après son premier film "Boy" (2012) il a été remarqué au festival de Sundance avec l'oeuvre collective "Vampires en Toute Intimité" (2015) et, surtout, il a connu le succès avec "Thor : Ragnarok" (2017). Après ce blockbuster il semble que le cinéaste a eu envie de revenir à une comédie plus originale, plus personnelle avec une liberté que son film Marvel lui a offert. Son nouveau projet est une adaptation du roman "Le Ciel en Cage" (2004) de Christine Leunens. Ce livre a une signification particulière pour le cinéaste puisqu'il l'a découvert grâce à sa mère, ajouté au fait qu'il est issu d'une famille juive russe et qu'il est métissé maori de surcroît. Très investi sur ce film Taika Waititi en est le producteur-scénariste-réalisateur-acteur, il précise sur le livre : "celui-ci m'a intrigué parce que cette histoire était racontée à travers le regard d'un enfant allemand endoctriné, éduqué à la haine par les adultes."...
Durant la Seconde Guerre Mondiale, en Allemagne, Jojo 10 ans est maltraité pas ses camarades mais il se réfugie dans un patriotisme effréné et la Jeunesse hitlérienne. D'ailleurs, son ami imaginaire n'est autre que Adolf Hitler ! Mais Jojo voit ses convictions ébranlées quand il découvre que sa mère héberge et cache une jeune juive... Jojo est incarné par un jeune Roman Griffin Davis dont c'est le premier rôle, choisi parmi plus de mille enfants. Sa maman est interprétée par la belle Scarlett Johansson désormais conunue comme étant Natasha Romanov alias Black Widow dans 7 des films du MCU de (2010) de Jon Favreau à "Avengers : Endgame" (2019) des frères Russo, mais précisons qu'elle n'apparaît pas dans "Thor : Ragnarok" de Taika Waititi. Après "Iron Man 2" elle retrouve Sam Rockwell vu dernièrement dans (2019) de Adam McKay et (2019) de Duncan Jones. La jeune juive est incarnée par Thomasin McKenzie vue dans "Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées" (2014) de Peter Jackson et (2019) de David Michôd. On peut aussi citer des responsables nazis joués par Rebel Wilson vue dans "Le Coup du Siècle" (2019) de Chris Addison et "Cats" (2019) de Tom Hooper, puis Stephen Merchant révélé dans "Hot Fuzz" (2007) de Edgar Wright et passé derrière la caméra avec "Une Famille sur le Ring" (2019)... Sous couvert de comédie Taika Waititi nous emmène dans l'univers d'un enfant de 10 ans qui grandit dans un monde en guerre et où le culte de la personnalité lui convient bien, faisant même d'un ersatz de Hitler son ami imaginaire. Dans un semblant de normalité l'enfant va donc avoir toutes ses convictions chamboulées, la vie n'est pas une comédie du bonheur même si on essaie d'y parvenir. Evidemment on pense un peu à d'autres oeuvres qui ont tenté de nous faire rire sur cette période 39-45, nous émouvoir et surtout tenter quelques réflexions ludiques sans être assommantes. On pense forcément au chef d'oeuvre "Le Dictateur" (1940) de et avec Charles Chaplin, mais surtout au magnifique "La Vie est Belle" (1998) de et avec Roberto Begnini qu'on teinterait esthétiquement à la façon du "Moonrise Kingdom" (2015) de Wes Anderson. Pourtant, même si d'autres ont déjà abordé le sujet sous un oeil plus "comique" la production a dû se battre pour obtenir quelques concessions. Par exemple, c'est le compositeur Michael Giocchino qui a persuadé Paul McCartney pour pouvoir utiliser la version allemande d'une de leur chanson. A noter que David Bowie est également dans la B.O..
Le film débute effectivement comme une aventure enfantine pleine de farces plus ou moins burlesques avec en filigrane cette guerre pernicieuse et dévastatrice. On rit un peu, on sourit beaucoup. Mais assez vite, le film va de plus en plus virer vers une aventure plus dramatique, plus grave tout en gardant cette sensation de légèreté inhérente à l'innocence de Jojo. Plus on avance plus on est touché au coeur, plus l'émotion accélère notre souffle jusqu'aux larmes sans pour autant tomber dans le pathos ; ce n'est clairement pas l'objectif de Waititi qui reste dans le ton général du film. D'ailleurs ce dernier incarne un Hitler de pacotille, une caricature satirique savoureuse qu'il transcende assurément. Ainsi, le film rejoint le film de Begnini dans la capacité à faire rire autant que pleurer tout en distillant des messages plus ou moins subliminaux. Les acteurs sont tous parfaits, en premier lieu le jeune Roman Griffin Davis, révélation qu'on va revoir sans aucun doute, mais aussi la touchante Thomasin McKenzie et la star Scarlett Johansson aussi sobre et juste dans un rôle qui nous rappelle qu'elle vaut bien plus que Black Widow. N'oublions pas Sam Rockwell également excellent. A noter que le tournage s'est déroulé dans des lieux emblématiques de 39-45, les décors intérieurs ont été construit dans les studios Barrandov à Prague qui ont servi à l'époque à la propagande nazie, tandis que les extérieurs ont été tourné à Zatec et Ustek, deux bourgades de Rép. Tchèque qui ont eu l'incroyable chance de n'avoir jamais été bombardées... En conclusion un film beau et délirant sur la forme, beau et ludique sur le fond qui mériterait d'être montré dans les écoles. A voir et à conseiller.
Note :