LA VERITE d' Hirokazu Kore-Eda
Dans notre maison et sur ce blog nous avons une admiration sans bornes pour Hirokazu Kore-Eda. Il m'a fait vivre les heures les plus acidulées de ma cinéphilie l'année dernière, lorsque nous avons dévoré sa filmographie. Et si j'aime tous ses films, j'avoue et ne me jetais pas de pierres, que son dernier film "une Affaire de famille" ne ferait pas partie de ma short-list, si j'en avais une évidemment. J'ai beau avoir été émue par les funérailles cinématographiques viking de Kirin Kiki; bouleversée par l'histoire, il n'a pourtant pas fonctionné sur moi comme l'on fait d'autres films de ce cinéaste. J'étais donc très impatiente et anxieuse de découvrir cette vérité. Ce fut le dernier film que nous avons découvert en 2019 et il l'a parfaitement conclu cette année
Il y a quelques jours on me disait qu'il y avait des problèmes dans toutes les familles, et c'est pour cela que la littérature s'est tant appuyée dessus. Le cinéma de Koré-eda aussi, et là encore c'est sur cet aspect de nos vies que porte ce film. Lumir scénariste vivant à New York, rentre à Paris car sa mère actrice emblématique française sort une autobiographie. On découvre une star comme on les imagine, tres fière de qui elle est, et utilisant au moins partiellement les autres.
La place de la famille en tant que telle est aussi l'un des sujets; celle que l'on hérite, celle que l'on adopte, celle que l'on créé; sont elles différentes ou ne forment-elles qu'une seule entité; Réussit-on sa famille comme on réussit une carrière. Plein de questions qui n'ont pas forcement de réponses dans la film, mais qui méritent de rester dans l'air bien après le générique Ce film questionne aussi son influence sur l'acting, et plus largement sur l'artiste. Est-ce qu'une telle prise avec la réalité ne peut pas être nuisible à la créativité. C'est dans ça cadre que le personnage interprété par Ethan Hawke prend toute sa place.
Car disons le, ce long métrage bien que français, est une pure œuvre du cinéaste. Et son parfum, sa manière d’être, sa signature est partout. Et ce dès les premières minutes dans sa façon de filmer la nature, de poser sa caméra sur un arbre, capter le son et en créer une ambiance. C'est aussi dans sa manière d'utiliser la lumière, souvent naturelle, et de la transformer en écrin pour son histoire et son message.
Il met tout son savoir faire pour raconter une histoire en évitant de poser un jugement sur ses personnages, autant que possible. Son art sa technique sont toujours au service de son sujet. J'ai pu lire certaines personnes disant que les nuques des actrices n'avaient jamais été aussi bien filmées. C'est un peu plus que ça. Il ne faut pas oublier que le thème principal du film, son titre est la vérité et sa versatilité. Lorsqu'il positionne sa caméra filmant une actrice en premier plan de dos, et en perspective son interlocuteur en plus petit et de face, il met le spectateur dans les pas du personnage en premier plan, tout en lui laissant l'espace nécessaire à la distanciation. Les figures de styles ne sont pas là que pour en mettre plein les yeux ou pour satisfaire un égo-trip du réalisateur, surtout dans le cinéma de ce cinéaste elles sont là aussi pour nous dire quelque chose. Il n'y a pas de narrateur omniscient, le curseur de la vérité dans ce film comme dans la vie , c'est nous qui le poussons. La vérité est subjective.
Ce film est donc un pur film de Kore-eda. Mais en français, ce qui réjouira ceux qui n'aiment pas lire les sous-titres. Ce film est un film juste et équilibré. Une rencontre avec une œuvre de ce cinéaste n'est jamais gratuite. On ne sort jamais tout à fait le même après avoir vu l'un de ses film. Alors si vous n'avez pas encore danser un tango avec lui, ce morceau est peut-être celui sur lequel vous devriez débuter