[AVIS] Les Deux Papes, un film plus humain que divin !

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Les Deux Papes
Réalisé par : Fernando Meirelles
Avec : Anthony Hopkins, Jonathan Pryce, Juan Minujin
Date de Sortie (uniquement sur Netflix) : 20 Décembre 2019
Durée : 2h 06min

Synopsis :

Dans cette histoire inspirée de faits réels, le pape Benoît XVI tisse une amitié improbable avec le futur pape François à un moment clé pour l'Église catholique..

Il s'agit d'une production Netflix et il est difficile de ne pas s'en rendre compte, tant la réalisation, bien que de qualité, de Fernando Meirelles (réalisateur de La cité de Dieu), semble très proche d'un Marriage Story par exemple. La musique nous mettra aussi sur la voix Netflix en convoquant avec malice et légèreté " Bella Cio ", rappelant aussi au passage la nationalité du protagoniste ainsi que La Casa de papel, avec subtilité bien entendu.

A lire le titre du film ou à observer les affiches, l'on pouvait s'attendre à un bon film d'auteur, assez long et contemplatif, ce qu'il est par moment mais...Quelle bonne petite surprise à l'arrivée.

Ce nouveau long métrage de Fernando Meireilles est au delà d'une histoire de foi, une histoire d'homme. Les Deux Papes brille au travers d'une narration merveilleusement bien orchestrée, tant au niveau de l'histoire que de l'évolution des personnages, que du point de vu des spectateurs. Meirelles laisse le spectateur découvrir le contexte ecclésiastique à la mort de Jean Paul II. Chaque personnage est présenté, caractérisé par cette première " élection " d'un nouveau pape, mettant déjà en évidence, leurs désaccords.

La convocation de François au Vatican va amener le spectateur à en savoir de plus en plus, en fonction des nombreuses conversations ou regards entre les deux hommes, sur ce qu'ils sont réellement. Ainsi le " saint " François présenté au début ne deviendra plus qu'un homme qui a changé, tout comme Benoit XVI, diabolisé au début du récit et rendu bien plus humain ensuite.

Jonathan Pryce est le Pape Francis

C'est une histoire de relation, au delà des tensions mais aussi d'idée de foi. Deux visions s'opposent dans une petite guerre de caractère, avant de devoir se comprendre et s'arranger pour le bien commun. De part cette opposition, le réalisateur maintient une certaine tension et une curiosité du spectateur qui après avoir ressenti une certaine compassion pour chacun, voudra indéniablement en savoir plus sur leurs passés respectifs ainsi que sur la suite de leur relation.

Plus les personnages vont en apprendre sur eux-mêmes, plus ils vont se comprendre, au même titre que le spectateur va apprendre à les comprendre et les apprécier pour ce qu'ils sont ; car peu importe la façon de penser, finalement aucun n'a de mauvaise intention, ou du moins, le spectateur finit par les comprendre.

Toute la maestria du réalisateur réside dans sa manière de conter ce récit où la fin est connue de tous mais devient toutefois sans importance puisque l'intérêt principal devient les personnages. Et leur lien. Un tour de force magistral du cinéaste où la religion semble passer au second plan dans un film qui se voulait, au travers de son sujet, tourné vers elle.

Tout est là, la compassion, l'attache, l'humour, la tristesse et le ressentiment. C'est un film complet qui manque parfois d'audace visuelle bien que la mise en scène soit tout à fait honorable. L'on retiendra cependant une BO très diverse et symbolique des deux personnages, nous ramenant bien souvent à leurs passions respectives et leurs caractères diamétralement opposés ; notamment grâce ou à cause de leurs nationalités.

Et c'est une chose extrêmement importante dans la vie commune de ces deux hommes, qui dans Les Deux Papes, est bien souvent soulignée comme point de divergence dans la manière de vivre et de penser des protagonistes. C'est une chose que l'on peut ressentir au travers de l'image et du montage à chaque fois que l'on change de lieu. L'importance de cette distance géographique sera en effet soulignée par quelques effets de lumières, une lumière plus chaude en Argentine, et bien plus neutre en Italie. La distance ne devient ainsi pas que géographique, ni idéologique, mais tout simplement culturelle ; et c'est au travers de cette constatation que François tentera d'expliquer son comportement plus naturel à son homologue. Cette idée de distance deviendra ainsi le point central de leur relation ainsi que des enjeux du film dans sa reconstitution historique et véridique.

Anthony Hopkins est le Pape Benedict

Cette différence de comportement sera justement magnifiquement retranscrite par Jonathan Pryce, incroyable dans le rôle du pape François 1er, et le grand Sir Anthony Hopkins, aussi froid et impassible que pouvait laisser entrevoir le caractère de Benoit XVI. Des interprétations de hautes volés, malheureusement pas récompensées aux oscars de cette année...

Les deux papes s'impose donc comme une des belles surprises des nominations aux oscars, peut-être un peu trop " Netflix " pour le jury qui, malheureusement a dû composé avec beaucoup de leurs productions, et qui restera sûrement dans les mémoires collectives comme un film de performance d'acteur, plutôt qu'un véritable chef-d'œuvre d'auteur.

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