Un grand merci à Metropolitan Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Sœurs d’armes » de Caroline Fourest.
« Il n’y a pas d’hommes ici ! »
Deux jeunes françaises, Kenza et Yaël, rejoignent une brigade internationale partie se battre aux côtés des combattantes Kurdes. Leur quête croise celle de Zara, une rescapée Yézidie. Issues de cultures très différentes mais profondément solidaires, ces Sœurs d’Armes pansent leurs blessures en découvrant leur force et la peur qu’elles inspirent à leurs adversaires.
« Les femmes ont souvent combattu mais dès qu’on n’a plus besoin d’elles on les renvoie en servitude chez elles. Mais pas cette fois et vous êtes là pour le crier à la face du monde ! »
Jusqu’ici, on connaissait Caroline Fourest en tant que journaliste et essayiste, devenue au fil des années une personnalité médiatique aux prises de positions en faveur du féminisme, de la laïcité ou des droits des LGBT parfois jugées provocatrices ou polémiques. En 2019, on la découvre pour la première fois réalisatrice de cinéma avec le film de guerre « Sœurs d’armes ». Comme pour « Les filles du soleil » de sa collègue Eva Husson sorti quelques mois plus tôt, « Sœurs d’armes » est ainsi centré sur les femmes combattantes des milices kurdes (YPG) engagées dans le combat contre les troupes de Daech dans le cadre de la guerre civile syrienne. Un sujet d’autant plus sensible que les combats perdurent toujours et que les milices kurdes, initialement soutenues par l’occident, ont finalement été lâchés sous pression de la Turquie voisine.
« Embrasse-moi au grand jour ! On ne s’est pas battus pour vivre comme eux ! »
Tourné au Kurdistan, à quelques dizaines de kilomètres seulement des zones de combat, le film s’ouvre ainsi par une séquence choc au cours de laquelle un village Yézidie tombe aux mains des combattants de Daesh. Considérés comme des mécréants, les villageois sont alors au mieux déportés pour être vendus (comme esclaves sexuels dans le cas des femmes) ou assassinés sur place dans le cas des hommes jugés trop vieux. Des scènes glaçantes de brutalité et d’inhumanité qui rappellent les pires heures du nazisme. Mais tandis que la jeune héroïne yézidie parvient à s’évader après avoir été violée et mariée de force à un djihadiste, le film glisse dans le pur film de guerre. On y suit ainsi une brigade de combattantes des YPG, de leur entrainement dans les montagnes jusqu’à leur baptême du feu sur le terrain. Des combattantes venues des quatre coins du monde et déterminées à se sacrifier s'il le faut pour défendre une cause en laquelle elles croient. Ce qui donnera lieu, contre toute attente, à des scènes de batailles plutôt réussies et pour le coup assez spectaculaires (la bataille de 4x4 pour protéger les réfugiés ou celle, finale, au corps à corps dans la base ennemie). Tout juste regrettera-t-on le parti pris un peu réducteur de la réalisatrice de n’aborder cette guerre que sous le seul prisme du féminisme. Ce qui donne lieu à un récit très binaire - d’un côté Daesh qui s’emploie à cacher et rabaisser les femmes et de l’autre les combattantes des milices kurdes qui se battent pour le droit des femmes - qui fait quelque peu abstraction des multiples et complexes réalités de ce conflit aux dimensions à la fois religieuses, ethniques et politiques. Ce « Sœurs d’armes » n’en reste pas moins un film de guerre très efficace et qui a au moins le mérite de mettre des images sur la réalité des terribles souffrances subies par les populations civiles.
***
Le blu-ray : Le film est présenté en version française (5.1) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français et français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un commentaire audio de la réalisatrice, de trois scènes coupées et d’un court making of.
Edité par Metropolitan Films, « Sœurs d’armes » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 février 2020.
Le site Internet de Metropolitan Films est ici. Sa page Facebook est ici.