[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #84. Semaine du 1er au 7 mars 2020

Par Fuckcinephiles

Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.

Semaine du 1er Mars au 7 Mars

Dimanche 1er Mars. 

Jalouse de David & Stéphane Foenkinos sur France2.
Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage…
Avec Jalouse, David & Stéphane Foenkinos signent une comédie à l’écriture corrosive, au travers d’une Karine Viard en pleine forme, le long-métrage explore notre part d’ombre. Bien sûr, Jalouse est de prime abord un film caustique, il l’est, les dialogues sont jouissifs et l’humour est d’une belle impertinence. Cependant, en délestant cette figure de mère de toutes charges mentales et de tous filtres sociaux, ils font émerger plus qu’un potentiel comique, mais bel et bien un réel parcours psychologique. Jalouse encapsule un personnage complexe, riche de contradictions, qui pour aller mieux, explorer ses instincts en s’affranchissant du regard d’autrui et des qu’en-dira-t-on. C’est bien là que réside toute la force du long-métrage, être plus qu’une simple comédie, mais bien une œuvre qui au travers du rire esquisse une émancipation féminine.
Mais aussi... Arte propose Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill. Reposant sur deux icônes du cinéma américain, Paul Newmann et Robert Redford — encore tout jeune ici, ce western est tout à la fois imbibé d’un certain classicisme hollywoodien et d’une surprenante fantaisie dans la composition de ces personnages. Moins sérieux que d’autres œuvres du genre, Butch Cassidy et le Kid est subversif et trempé par un sens de l’autodérision qui va pourtant progressivement dessiner un désenchantement lui donnant de belles nuances.


Lundi 2 Mars. 

Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot sur Arte.
Michelle Delasalle dirige à Saint-Cloud un pensionnat pour jeunes garçons. Cet homme tyrannique et méprisant, à l’habitude d’humilier devant le personnel son épouse, Christina, ainsi que sa maitresse, Nicole, institutrice. Les deux femmes décident alors de s’allier afin de mettre fin à ce cauchemar.
Vous n’avez jamais vu Les Diaboliques ? Oh. Eh bien. Je dois taire l’une des scènes, et l’un des plans les plus marquants du long-métrage — si ce n’est du cinéma français. Disons simplement que Henri-Georges Clouzot offre un pur thriller dans la veine du futur Psychose d’Alfred Hitchcock, s’articulant autour d’un twist qui raconte tout. Car, le film joue sur les apparences et déroule durant une grande partie son récit avant de donner aux évènements un sens totalement différent. Mais, Les Diaboliques ce n’est pas juste un rebondissement magistral, c’est bel et bien une œuvre suintant la pourriture où Clouzot ne cesse de trouver un moyen de filmer l’eau, presque omniprésente, comme une annonce de ce qui attend le spectateur.


Également programmé... Le Garcon ! De Claude Sautet sur France5. Un film que le réalisateur ne souhaite pas tourner, mais qui a fini par devenir un vrai film de Sautet, malgré ce qu’il peut en dire. D’une belle simplicité, Garcon ! est une comédie de mœurs virevoltante, tendre et chaleureuse. On y capte une époque et un univers avec une touchante sensibilité portée par le duo Yves Montand/Jacques Villeret.

Jeudi 5 Mars. 

Hippocrate de Thomas Lilti sur France3.
Benjamin commence son internat dans le service tenu par son père, le professeur Barois. Le jeune homme essaie de s’adapter à la dure vie de médecin.
Thomas Lilti, ancien médecin généraliste reconverti en réalisateur se sert de son vécu pour dessiner une œuvre s’articulant autour du système médical français. Médecin de campagne, Premiere Année et donc Hippocrate sont tous liés par cette thématique. La force du cinéaste est de parvenir dans une approche minutieuse digne d’un documentaire à faire émerger un vrai objet cinématographique. On scrute dans Hippocrate l’hôpital dans ses moindres recoins, parvenant a y capturer les problèmes et le social, l’humour et la détresse. Tout cela sous une plume nuancée et intelligente qui rend compte de la réalité sans pour autant n’être qu’un pamphlet au gout politique. Une aventure cinématographique qui continuera sur le petit écran, avec une série adaptée du long-métrage, toujours chapeauté par Lilti qui aura le loisir d’y approfondir ses thématiques.
Mais aussi... Cherie25 programme Raisons d’État de Robert DeNiro. L’acteur n’a pas réalisé beaucoup de films, deux pour tout dire, mais chaque fois avec un certain talent. Quelque part entre Scorsese et Eastwood, entre Pakula et Coppola, DeNiro construit une œuvre romanesque décryptant la schizophrénie d’une époque rapprochant le film des grands thrillers paranoïaque des années 70. Une oeuvre fresque aussi intelligente que passionnant qui fait poser cette question : a quand le retour de DeNiro derrière une caméra ?

Thibaut Ciavarella