(Critique - avec spoilers - de la saison 2)
On aura beau fustiger assez souvent les choix de productions un peu douteux de Netflix dans son giron séries, longtemps plus forte que sa section cinéma désormais devenue, assez souvent, incontournable pour les cinephiles que nous sommes; gageons que parfois, elle sait se montrer ambitieuse et même profondément couillue.
Comme elle le fait avec sa jolie création Altered Carbon, ou elle se permet de gentiment redistribuer les cartes dès sa seconde saison, en changeant autant son lead (Joel Kinnaman cède sa place à Anthony Mackie), que sa temporalité et son ton, toujours baigné dans une atmosphère cyberpunk/dystopique mais avec un penchant bien plus assumé pour une action certes générique mais assez souvent jouissive - même si elle a une sacré tendance à s'avérer répétitive dans ses effets.
Plus frontale et résolument moins réflexive (même si sa mythologie plombante est décemment plus agréable en roman qu'à l'écran), cette seconde salve d'épisodes décide de mettre la pédale douce sur l'audace et l'exploration d'un univers foisonnant (quitte à la jouer volontairement plus pingre sur les décors et son esthétique " Blade Runner-esque "), pour mieux se concentrer sur la quête romantico-intérieur de son héros dont l'évolution n'est pas fondamentalement... une évolution.
Du surplace ?
Impossible de ne pas répondre positivement, puisque si la série semble revenir un brin à la base (en servant certes un cocktail maladroit, mélangeant les romans " Furies déchaînées " et " Anges déchus ") et joue agréablement de la surenchère jusque dans une mise à jour 2.0 de son personnage (qui à, oui, de nouveaux super-pouvoirs, faisant volontairement ou non, de Mackie un autre superhéros hors du carcan MCU), elle semble aussi et surtout rejouer sans se faire violence, une partition similaire à la précédente, ou les modifications sont aussi subtiles que la parade nuptiale d'un hippopotame en rut (Kovacs cherchait sa soeur, il cherche désormais son grand amour).
Tel l'Ouroboros qui se mort gentiment la queue, cette deuxième saison - surtout sa seconde moitié, souvent indigeste - suit donc sans trembler une trame prévisible mais pas moins divertissante et riche en rebondissements divers (quand elle ne se perd pas dans ses élans romantiques irritants), mettant un tantinet le frein sur sa violence et son regard politique (ça sent moins le sang, à tous les niveaux) tout en laissant exploser joyeusement ses élans régressifs; la rendant de facto plus faillible que son aîné, mais définitivement plus accessible pour un grand public ne cherchant pas à voir sa caboche trop surchauffer.
Même la caractérisation de son héros s'en retrouve changé par ce ralentissement créatif, se fondant sur la carrure et le jeu moins nuancé (monolithique, n'ayons pas peur des mots) d'un Anthony Mackie impliqué, n'ayant aucun mal à porté un panel de personnages à l'écriture brute (seul Poe, l'Intelligence Articielle campé par Chris Cooper, tire un tant soit peu son épingle du jeu) quand elle n'est pas inconsistante ou même totalement anecdotique (certains persos, campé par un casting luxueux, n'est là que pour faire de la figuration à peine légitimé par l'intrigue).
Sorte de version light et résolument moins complexe de la saison une (exit tous les élans philosophiques, les problèmes identitaires et mémoriels et bonjour... la castagne), toujours aussi sombre et volubile mais un tantinet plus jouissive quand elle s'en donne les moyens, la seconde saison d'Altered Carbon et ses huit épisodes déçoivent autant qu'ils font le job pour un certain public peu exigeant (les amateurs d'action et du binge-watching facile... uniquement pour eux), ne prennent aucun risque autant qu'elle semble volontairement s'ouvrir à un auditoire plus large, quitte à perdre toute sa substance singulière.
Si elle n'est pas essentielle, et que l'on espère réellement que Netflix ne tâtera pas de l'annulation trop attentivement, elle aura au moins sans doute, le mérite de faire patienter son spectateur à la vue d'une potentielle saison trois qui elle, n'aura pas intérêt à laisser son audace au vestiaire...
Jonathan Chevrier
On aura beau fustiger assez souvent les choix de productions un peu douteux de Netflix dans son giron séries, longtemps plus forte que sa section cinéma désormais devenue, assez souvent, incontournable pour les cinephiles que nous sommes; gageons que parfois, elle sait se montrer ambitieuse et même profondément couillue.
Comme elle le fait avec sa jolie création Altered Carbon, ou elle se permet de gentiment redistribuer les cartes dès sa seconde saison, en changeant autant son lead (Joel Kinnaman cède sa place à Anthony Mackie), que sa temporalité et son ton, toujours baigné dans une atmosphère cyberpunk/dystopique mais avec un penchant bien plus assumé pour une action certes générique mais assez souvent jouissive - même si elle a une sacré tendance à s'avérer répétitive dans ses effets.
Plus frontale et résolument moins réflexive (même si sa mythologie plombante est décemment plus agréable en roman qu'à l'écran), cette seconde salve d'épisodes décide de mettre la pédale douce sur l'audace et l'exploration d'un univers foisonnant (quitte à la jouer volontairement plus pingre sur les décors et son esthétique " Blade Runner-esque "), pour mieux se concentrer sur la quête romantico-intérieur de son héros dont l'évolution n'est pas fondamentalement... une évolution.
Copyright Diyah Pera/Netflix
Du surplace ?
Impossible de ne pas répondre positivement, puisque si la série semble revenir un brin à la base (en servant certes un cocktail maladroit, mélangeant les romans " Furies déchaînées " et " Anges déchus ") et joue agréablement de la surenchère jusque dans une mise à jour 2.0 de son personnage (qui à, oui, de nouveaux super-pouvoirs, faisant volontairement ou non, de Mackie un autre superhéros hors du carcan MCU), elle semble aussi et surtout rejouer sans se faire violence, une partition similaire à la précédente, ou les modifications sont aussi subtiles que la parade nuptiale d'un hippopotame en rut (Kovacs cherchait sa soeur, il cherche désormais son grand amour).
Tel l'Ouroboros qui se mort gentiment la queue, cette deuxième saison - surtout sa seconde moitié, souvent indigeste - suit donc sans trembler une trame prévisible mais pas moins divertissante et riche en rebondissements divers (quand elle ne se perd pas dans ses élans romantiques irritants), mettant un tantinet le frein sur sa violence et son regard politique (ça sent moins le sang, à tous les niveaux) tout en laissant exploser joyeusement ses élans régressifs; la rendant de facto plus faillible que son aîné, mais définitivement plus accessible pour un grand public ne cherchant pas à voir sa caboche trop surchauffer.
Même la caractérisation de son héros s'en retrouve changé par ce ralentissement créatif, se fondant sur la carrure et le jeu moins nuancé (monolithique, n'ayons pas peur des mots) d'un Anthony Mackie impliqué, n'ayant aucun mal à porté un panel de personnages à l'écriture brute (seul Poe, l'Intelligence Articielle campé par Chris Cooper, tire un tant soit peu son épingle du jeu) quand elle n'est pas inconsistante ou même totalement anecdotique (certains persos, campé par un casting luxueux, n'est là que pour faire de la figuration à peine légitimé par l'intrigue).
Copyright Diyah Pera/Netflix
Sorte de version light et résolument moins complexe de la saison une (exit tous les élans philosophiques, les problèmes identitaires et mémoriels et bonjour... la castagne), toujours aussi sombre et volubile mais un tantinet plus jouissive quand elle s'en donne les moyens, la seconde saison d'Altered Carbon et ses huit épisodes déçoivent autant qu'ils font le job pour un certain public peu exigeant (les amateurs d'action et du binge-watching facile... uniquement pour eux), ne prennent aucun risque autant qu'elle semble volontairement s'ouvrir à un auditoire plus large, quitte à perdre toute sa substance singulière.
Si elle n'est pas essentielle, et que l'on espère réellement que Netflix ne tâtera pas de l'annulation trop attentivement, elle aura au moins sans doute, le mérite de faire patienter son spectateur à la vue d'une potentielle saison trois qui elle, n'aura pas intérêt à laisser son audace au vestiaire...
Jonathan Chevrier