L’intrigue, c’est une réponse à la question Qu’est-ce qu’il se passe dans cette histoire ?
L’histoire, quant à elle, nous conte une série d’événements. Si l’on souhaite faire la distinction entre histoire et récit, nous dirons que le récit nous donne les événements dans un ordre chronologique alors que l’histoire n’est nullement dans l’obligation d’en faire autant.
Qu’est-ce qu’un récit doit offrir à son lecteur ?
La prémisse est une promesse. C’est une attente de conflits, d’un héros (à la fois protagoniste et personnage principal mais nous pourrions tout autant avoir un protagoniste qui fait l’action et un personnage principal qui reçoit la compassion de son lecteur), un apparent méchant de l’histoire (qui s’avère souvent n’être pas vraiment méchant car il a seulement un point de vue différent de celui du personnage principal) et un objectif, une mission en quelque sorte à accomplir (sans que la réussite ne soit prévisible).
Si l’on est soi-même en quête d’idées pour un futur projet, nous pourrions nous remémorer la pyramide de Maslow qui hiérarchise les besoins humains fondamentaux. Trois de ces besoins pourraient être utiles à taquiner notre muse.
Le besoin de se sentir en sécurité reflétera chez votre personnage principal la nécessité de protéger son environnement. On comprend que lorsqu’un incident déclencheur bouleverse son quotidien, il connaît quelques réticences à en changer.
Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que cette routine de vie à laquelle il s’accroche n’est peut-être pas celle qui lui convient.
Il est aussi vrai qu’il n’est pas facile de trouver sa place dans le monde. Alors lorsqu’un monde tout nouveau s’offre au héros, il devra tenter de s’y intégrer ne serait-ce que pour y trouver un nouvel équilibre de vie.
Le besoin d’appartenance, c’est de sentir que l’on n’est pas seul. Les relations humaines nous font sentir en vie. C’est dans le regard de l’autre que nous existons. Il en découlerait presque le besoin d’estime de soi car c’est d’abord en soi que se situe le respect que l’on attend des autres.
Il reste cependant à savoir si l’on a le désir (qui n’est pas le besoin) de se faire respecter et d’être valorisé par autrui (et le désir est souvent un vain orgueil) ou bien si l’on est vraiment sincère avec soi-même et l’on gagne le respect d’autrui par ses propres actions.
Par-dessus ces trois besoins fondamentaux, le besoin physiologique, le besoin naturel en quelque sorte, est celui de notre survie et de la pérennité de notre espèce.
Des réponses
Une intrigue, c’est donc une série d’événements posés dans un certain ordre. Chacun écrit comme il le veut. Là n’est point la problématique. Mais en liant ces événements à ces besoins fondamentaux, il y a de fortes chances que l’auteur obtienne une réponse émotionnelle de la part de son lecteur.
Certains diraient qu’il faut toucher l’âme de son lecteur. Les réponses émotionnelles attendues seraient alors de la joie, de l’espérance, un sentiment de souffrance, du rire, de la peur ou de la colère.
Une prémisse est la substance de votre récit en préparation. Trouvez un adjectif pour qualifier sommairement mais distinctement votre personnage principal. Puis un second adjectif pour faire de même avec son antagonisme, quel qu’il soit.
Et puis il y a l’objectif. Pour faire court, qui est votre personnage principal ? Contre quoi va t-il lutter ? Que veut-il ? Et surtout pourquoi le veut-il ? Quels sont les enjeux ? Qu’a t-il à perdre ou à gagner avec cet objectif ?
Contre quoi va t-il lutter est probablement ce qui importe le plus comme point de départ de sa réflexion sur son projet en préparation. S’il n’y a pas de problème, il est difficile d’écrire une histoire.
Sans difficultés à surmonter et sans la crise que connaîtra le personnage principal (parce que les problèmes l’épuiseront moralement et même physiquement), en fiction, l’on aurait probablement pas grand-chose à dire.
Nos vies elles-mêmes sont une lutte quotidienne. Écrire n’est pas un exutoire. C’est un témoignage. Les angoisses et les tourments des personnages nourrissent l’intrigue plus que l’action et la nature des relations qui existent entre eux est aussi quelque chose qui fascine le lecteur.
Il y a toutes sortes de situations conflictuelles (voir PLOTTO à ce sujet). Jalousie et trahison sont évidentes. Le conflit peut néanmoins se lover dans le moindre incident (ne plus trouver ses clefs de voiture par exemple alors que l’on a un rendez-vous à ne surtout pas manquer).
L’énergie du conflit
Le conflit ne donne pas forme à l’intrigue. Néanmoins, si elle ne connaît pas de conflit, l’intrigue n’a pas de force.
Deux formes de conflit sont nécessaires. L’une est interne, se positionne dans l’intimité des personnages. Comme une question de morale. Est-ce que le personnage juge que ce qu’il fait est bien ou mal ? Et s’il juge que c’est mal, pourquoi ?
En interne, le personnage est imprégné de ses émotions. Et il y a les conflits externes. On peut présupposer que ce sont précisément ces conflits externes qui poussent l’intrigue vers l’avant.
Et lorsque ces deux formes de conflit se fondent l’une dans l’autre, le personnage ne contrôle plus sa situation.
Analyser un personnage consiste à évaluer les traits qui forme son caractère ainsi que la fonction qu’il occupe dans le récit. On peut aussi s’interroger sur les moments de l’histoire où un personnage intervient plus efficacement (par exemple un personnage pourrait appartenir au passé de votre personnage principal).
Par l’intrigue, un personnage vit des conflits. Et il en tire une expérience (qu’on appelle aussi des leçons mais expérience est plus exacte car une leçon peut être mal comprise, n’hésitez pas à en débattre dans les commentaires).
Les traits de caractère sont révélés par les comportements des personnages, leurs motivations, leurs personnalités (telle ou telle personnalité) et bien sûr, les relations qu’ils créeront entre eux pendant l’intrigue.
On peut faire simple avec un personnage. On le montre dans sa routine de vie. Un événement surgit dans cette routine. Cela crée une crise parce que le personnage est face à une nouvelle situation qui lui impose un choix.
Il voudrait retrouver un équilibre de vie. Mais l’intrigue ne l’entend pas ainsi. Pour votre personnage principal, cette lutte avec le monde dans lequel il est jeté lui permettra néanmoins de découvrir quelque chose sur lui-même. Il change. Toute l’intrigue mène à ce changement.
En fait, le personnage principal peut triompher à la fois en réalisant son objectif et sur un plan plus intime, être davantage en harmonie avec lui-même.
Ou bien échouer sur son objectif qui serait alors une condition a priori pour une vie nouvelle mais bien plus en adéquation avec sa véritable nature.
Par exemple, Robert Caine dans Holocauste 2000 de Alberto De Martino, Aldo De Martino, Sergio Donati et Michael Robson.
Au dénouement, Robert est heureux avec Sara mais il n’a pu empêcher le monde de courir à sa perte.