The party

The partyUn éléphant dans un magasin de porcelaine
Blake Edwards fort de sa volonté de faire un film visuel part pour le tournage de ce qui est une référence de la comédie US avec un scénario famélique de 63 pages seulement. Donc le pitch de cette énorme farce est basique : plonger un innocent acteur raté indien dans une fête organisé par et pour l’intelligentsia cinématographique ; une fête dans laquelle il n’est pas attendu et se révèle inadapté. Peter Sellers apporte à ce candide tout son brio et son sens aigu du timing comique ; il donne un véritable coté enfantin à ce personnage ; sa composition exceptionnel fait de lui un quasi co auteur de cette comédie si peu écrite. Ce gaffeur va véritablement dynamiter par sa maladresse cette soirée mondaine emplie de vacuité et d’hypocrisie. Heureusement il trouvera une alliée et peut être même l’amour auprès d’une jolie et jeune invitée aussi sincère que lui ; mais il y perdra peut être une carrière ciné. Le décalage entre ce duo de perdreaux et les rapaces les entourant permet à Edwards de diffuser son venin ; une satire féroce des mondanités hollywoodiennes. Mais Bakshi (l’acteur indien maladroit) possède une humanité et une poésie inaccessible aux membres blancs riches et puissants. Donc ce qui pourrait paraitre du racisme dans une premier temps en traitant l’indien de manière aussi naïve devient vite une leçon d’humilité. Quasi dépourvu de dialogue, c’est un film d’interprète mais aussi de mise en scène. Combien de fois pense-t-on à Monsieur Hulot en voyant déambuler Bakshi ! Tati est bien présent à chaque plan surtout dans les deux premier tiers du film. Edwards use d’un découpage sobre et exploite pleinement la largeur et la profondeur de champ ; de fait, dans chaque recoin d’un plan se loge un effet comique potentiel. Les entrées et sorties de champ, la mise en espace des corps et le simple déplacement des personnages se substitue à merveille à l’absence de dialogue. Son film est élaboré comme un ballet burlesque et le lieu du déroulement de l’action l’y aide particulièrement. Comme chez Tati, Bakshi est plongé dans une maison offrant multitude de potentiels technologiques ; une maison truffée de gadgets et possibilités comiques ; elle est un acteur du film pleinement exploité par le metteur en scène.Le chef d’œuvre n’est pas loin ; mais l’histoire manque tout de même de densité. Puis le dernier quart du film avec l’arrivée des hippies sensé offrir le bouquet final n’est pas à la hauteur de la poésie mise en place jusqu’alors.Et pour finir, un clin d’œil à l’actualité. Blake Edwards, en 1969, montre déjà des comportements masculins déviants annonçant l’affaire Weinstein. Ou comment certains hommes puissants et influant d’Hollywood profite de leur aura pour consommer de la chair féminine fraiche.
Sorti en 1969
Ma note: 15/20