[CRITIQUE] : Crip Camp, la révolution des éclopés

Par Fuckcinephiles

Réalisateurs : Nicole Newnham et James Lebrecht
Acteurs : -
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.
 

Synopsis :
Sur la route de Woodstock, une révolution s'est développée dans un camp d'été délabré pour adolescents handicapés, transformant leur vie et déclenchant un mouvement historique.



Critique :
D'une légèreté bouleversante et salutaire derrière la gravité évidente de son propos, #CripCamp est un bijou de documentaire universel et férocement inspirant, une expérience formidablement didactique grâce à une mise au point intelligente et des images d'archives remarquables. pic.twitter.com/ov8RhvPtzk— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 30, 2020


C'est d'une évidence rare et pourtant essentiel, telle une règle de vie que l'on devrait tous graver au fer rouge à l'intérieur de nous même : toujours se battre, et ne jamais s'avouer vaincu par les difficultés, surtout quand il y a plus mal loti que soi.
C'est ce message fondamental qui anime le fantastique documentaire Crip Camp de Nicole Newnham et Jim LeBrecht, mise en images puissante de la vie - mais pas que - au Camp Jened dans l'État de New York, ayant poussé la première année en marge de Woodstock et réservé aux personnes handicapés; des âmes honteusement marginalisées par le reste du monde (rien n'a forcement changés depuis), et auxquels le camp aura offert l'espoir de pouvoir grandir et rêver bien au-delà des limites imposées par la société.


Copyright Netflix


Plus qu'un put*** de feel good movie inspirant, le documentaire - produit par le couple Obama - est un triomphe merveilleux et encourageant de l'humanité face au rejet et au cynisme, et une mise en lumière puissante de la naissance du mouvement pour les droits des personnes handicapées.
Newnham et LeBrecht (qui s'est lui-même rendu au camp en 1971) tissent un récit à partir de multiples sources d'archives et de témoignages qui capturent l'innocence, l'éveil subtil et la détermination ultime d'un petit groupe de personnes privées de leurs droits qui ont pu réaliser qu'il y avait quelque chose pour lequel se battre, même si le combat semble impossible (en l'espace de quelques jours, les graines du chagement auront été semées avec force et conviction); il aura d'ailleurs fallu attendre plus de deux décennies pour que le gouvernement US via Bush sénior, ne signe l'Americans with Dissabilities Act - ADA - (loi dont le but est de protéger la population des États-Unis contre les discriminations basées sur le handicap).
Avec force et riche en images jusqu'alors inédites, le film est un trésor étonnant d'entrevues et d'observations vibrantes sur le camp, germes d'une révolution que les réalisateurs montrent ensuite avec des triomphes d'accessibilité petits mais cruciaux, dans la lutte pour l'égalité et la visibilité.


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Guère plombant ou faussement cérémonial mais d'une légèreté bouleversante et salutaire derrière la gravité et l'importance évidente de son propos (on privilégie subtilement la joie et l'amusement à l'inconfort), Crip Camp est un bijou de documentaire universel et férocement inspirant, une expérience formidablement didactique grâce à une mise au point intelligente, un excellent score de Bear McCreary et des images d'archives remarquables.
Même si son titre VF peut paraître rebutant, il est une séance importante et nécessaire qui mérite pleinement d'être vu et surtout, conseillé au plus grand nombre.


Jonathan Chevrier