Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La main qui venge » de William Dieterle.
« Je constate que beaucoup de vos amis se font assassiner ces temps-ci, c’est étrange n’est-ce pas ? »
De passage pour affaires sur la côte ouest, Arthur Winant rencontre dans un bar Danny Haley. Celui-ci est un petit escroc qui entraine Arthur dans une partie de poker où il perd une importante somme d’argent qu’il avait emprunté. Devant cette catastrophe, il préfère se suicider. Sidney, le frère d’Arthur, un psychopathe, recherche alors les trois hommes qu’il rend responsables de cette mort, bien décidé à les tuer…
« Les hommes comme vous crèvent seuls »
Né au sein d’une famille très pauvre, l’allemand William Dieterle rêve dès son plus jeune âge de devenir acteur. Par passion d’abord, mais aussi par une volonté folle d’échapper ainsi à son destin de misère. Il multiplie ainsi les expériences sur les planches au cours des années 10, jusqu’à sa rencontre avec Max Reinhardt, le mythique metteur en scène viennois, qui le prendra sous son aile et donnera un coup d’accélérateur à sa carrière. Repéré par la toute jeune industrie cinématographique, Dieterle s’impose au début des années 20 comme l’un des principaux jeunes premiers du cinéma allemand, jouant notamment pour Paul Leni (« Le cabinet des figures de cire ») ou Frederich Murnau (« Faust », « L’expulsion »). Mais très vite, il délaisse le métier d’acteur pour celui de réalisateur. En Allemagne d’abord puis en Amérique où il est embauché par Warner au début des années 30 et où il fera l’essentiel de sa carrière, connaissant son heure de gloire entre la fin des années 30 (« La vie de Louis Pasteur », « La vie d’Emile Zola ») et la fin des années 40 (« Le portrait de Jennie »). Bien que n’étant pas lui-même blacklisté, ses penchants plutôt de gauche susciteront la méfiance des studios et marqueront le début de son déclin professionnel. Se faisant plus rare au cours des années 50, il réalise alors quelques films noirs à budgets modestes (« Les mirages de la peur », « Le cran d’arrêt »), dont « La main qui venge » en 1950.
« Au fond on est toujours responsable du mal qu’on fait »
Comme tout bon film noir, « La main qui venge » débute par une mauvaise rencontre : un voyageur de commerce peu méfiant et trop bavard se fera ainsi plumer au poker par une bande d’escrocs sans envergure. Le problème ? La grosse somme d’argent qu’il perd aux cartes n’était pas à lui et, se sentant acculé, il choisira finalement de se suicider. S’agit-il d’un meurtre ? Aux yeux de la loi, pas vraiment. Mais ce n’est pas comme ça que l’entend le frère du défunt, personnage insaisissable et psychopathe, bien décidé à le venger. Malgré un postulat des plus simples en apparence, les scénaristes John Meredyth Lucas et Larry Marcus réussissent à donner une réelle épaisseur et un véritable suspense au récit, renforcé par le parti pris visuel de ne montrer que les mains (en action) de l’assassin. Plutôt crispant et bien ficelé, le film bénéficie marque aussi par la profonde amertume qui se dégage de ses personnages d’antihéros - tous d’anciens combattants héros de guerre désœuvrés qui n’ont pas réussi à retrouver une place satisfaisante dans la vie civile - vils et peu attachants, qui se retrouvent au final sans véritables espoirs de rédemption. Entouré d’un joli casting (Harry Morgan, Don DeFore, Ed Begley, Lizabeth Scott), Charlton Heston y trouve là le premier grand rôle de sa carrière. Solide et (vraiment) plaisant.
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Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de trois présentations respectivement signées Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif.
Edité par Sidonis Calysta, « La main qui venge » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 17 mars 2020.
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