[CRITIQUE] : Si tu savais

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Alice Wu

Acteurs : Leah Lewis, Daniel Diemer, Alexxis Lemire, Enrique Murciano,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Romance
Nationalité : Américain
Durée : 1h44min.

Synopsis :

Timide et intello, Ellie aide Paul, un jeune sportif adorable mais maladroit, à faire chavirer le cœur d'une élève populaire, mais leur nouvelle et improbable amitié se complique quand Ellie découvre qu'elle aussi a des sentiments pour cette jeune fille.

Critique :

#SiTuSavais (#TheHalfOfIt) d'Alice Wu est une comédie romantique sans prétention qui a des airs de Love, Simon sans en avoir l'étoffe, et qui enchaîne bien trop les clichés faciles. Il n'en reste pas moins une petite bulle de douceur, parfaite pour ce jour férié. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/pTBd8zAyOc— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 1, 2020

Nouvelle comédie romantique adolescente de Netflix, Si tu Savais (The Half of It en VO) est le troisième long-métrage de la réalisatrice Alice Wu, qui met un point d’honneur à représenter la communauté queer tout en s’intéressant à l’immigration culturelle et la difficulté de s’intégrer. Avec ce nouveau film, où elle suit une jeune adolescente dans sa dernière année au lycée, elle répond encore une fois à ses sujets de prédilection. Le film est vendu comme une adaptation libre de la célèbre pièce de théâtre Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, information suffisamment mystérieuse pour ressentir l’envie d’y jeter un coup d’œil.


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Les premiers émois amoureux peuvent être difficile pendant la période de l’adolescence. Alors que le corps se transforme, que l’esprit critique s’éveille, que l’indépendance est testée, il faut aussi subir les tourments de l’amour. Comme nous le montre les nombreuses œuvres traitant de ce vaste sujet, l’amour n’est pas toujours synonyme de joie. Une question se pose, la plus importante : comment le déclarer ? Le faire de vive-voix est un acte audacieux, mais entraîne dans la plupart des cas un refus net (avec en prime de l’humiliation). Le film de Greg Berlanti, Love, Simon a réussi à lancer en 2017 une nouvelle forme de déclaration, une correspondance écrite sur le net. En 2018, À tous les garçons que j’ai aimé va même plus loin, avec de véritables lettres, rendant honneur à une forme de correspondance qui est maintenant presque révolue. Si tu savais suit ce même chemin, une correspondance épistolaire, qui fait la part belle aux mots, à la philosophie et aux grandes déclarations. 


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Les mots, l'héroïne du film Ellie Chu sait les manier. Elle en fait même son fond de commerce, écrivant les rédactions de ses camarades de classe à leur place pour de l’argent. Ce qui ne les empêchent pas, par la suite, de l’humilier chaque jour par des commentaires racistes sur son nom de famille. Mais elle les subit vaillamment, car ses journées sont bien occupées : son père, son foyer sans figure maternelle et son avenir lui prennent tout son temps. Ellie regarde parfois avec adoration Aster, la fille la plus populaire et la plus jolie du lycée, mais ne pense même pas à venir lui parler. Jusqu'au moment où Paul, aussi amoureux de la belle Aster, vient lui demander une autre sorte de rédaction : lui écrire une lettre. Ellie va se prendre au jeu et le triangle amoureux se met vite en place. Paul s'approprie les mots de Ellie, Aster est attirée par l’esprit de Paul, sans savoir que c’est celui de Ellie finalement. Espérons que cela se finisse mieux que Cyrano.


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Le récit, qui se met rapidement en place, fonctionne plutôt bien dans une première partie où les enjeux sont dévoilés. Plus qu’une simple comédie romantique, la réalisatrice nous parle aussi de l’immigration, du deuil, de la difficulté à s’intégrer dans une communauté qui refuse l'inclusivité. Elle s’interroge aussi sur l’individualité, sur l’importance de se trouver une place dans une période où rentrer dans le moule revêt une importance capitale. Le tandem que forme Ellie et Paul (interprétés par Leah Lewis et Daniel Diemer) offre une dynamique peu originale (la fille intello contre le garçon sportif ) mais qui a le mérite de fonctionner. Cependant, la deuxième partie finit par décevoir. Les enjeux tombent à plat, dans un climax qui vient comme un cheveu sur la soupe. Aster perd de son aura et révèle un personnage peu profond au final. Les révélations, filmées dans une église, métaphore de la pensée étriquée et conservatrice de la ville, ne sont pas aussi fortes que le voudrait Alice Wu, à cause d’une écriture très faible, qui n’atteint jamais la tragédie voulue.


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Si nous passons un bon moment devant Si tu savais, il n’empêche que le film enchaîne les clichés. Parfait pour une après-midi de jour férié, si on veut un film sans prise de tête, qui s’oublie facilement.


Laura Enjolvy