Synopsis : " Inspired by real events in the life of French New Wave icon Jean Seberg. In the late 1960s, Hoover's FBI targeted her because of her political and romantic involvement with civil rights activist Hakim Jamal. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position "je m'installe comme à la maison" ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
Contrairement aux films dont on vous à parlé ces dernières semaines, proposés en vidéo à la demande sans qu'ils ne puissent être diffusés au préalable sur des écrans de cinéma avant la fermeture temporaire de ces derniers, Seberg est un film à la distribution des plus étonnantes. Diffusé en sélection officielle dans le cadre de nombreux festival à travers le monde entre août et novembre 2019 (Venise, Toronto, Deauville, Zurich, Londres...), il a ensuite été proposé dans une dizaine de pays par le biais de sorties officielles. Du Royaume-Uni en passant par la Russie, le Brésil, le Pérou ou même en exclusivité dans la ville de Toronto pour le Canada. Quid d'une sortie officielle aux États-Unis ou même en France ? Aucune annonce, aucun fait d'armes de la part d' Amazon Studios qui en avait acquéri les droits lors de l' European Film Market qui se tient chaque année en parallèle de la Berlinale. Durant toute la promotion du film, Amazon Studio faisait des films The Report et Seberg leurs faire de lance dans la course aux Oscars 2020. Malheureusement, dans le cadre du film Seberg, il n'aura pas fallût plus que sa première mondiale tenue à la Mostra de Venise afin que le film se fasse assassiner par la critique. Critique qui déclarait néanmoins tout leur amour pour l'actrice principale, Kristen Stewart. Il aura donc fallût attendre une pandémie et la date du 15 Mai 2020, afin que le film trouve une place sur les catalogues américains des plateformes de vidéo à la demande. L'occasion parfaite afin de voir si cet énième biopic n'est effectivement qu'un coup d'épée dans l'eau.
Oeuvre dont le titre n'est autre que le nom de famille du personnage principal, Seberg n'est fondamentalement pas un biopic comme les autres. Si certains s'entichent à vouloir raconter la vie d'un artiste, depuis son enfance à ses derniers jours, le duo de scénariste composé par Anna Waterhouse et Joe Shrapnel, a décidé d'illustrer un moment clé de la vie de l'actrice Jean Seberg. Décortiqué un moment précis afin de ne pas se perdre dans l'élaboration d'un récit qui survolera des années de temps et des thématiques à ne plus savoir où donner de la tête. Du rêve à la réalité. Comment la vie d'une actrice destinée à la gloire, ou delà de la reconnaissance, a basculée en un enfer invivable ? Telle est la question qui va être le point de départ d'un scénario qui va de cette manière, pouvoir dresser un pamphlet critique envers le gouvernement américain des années 70 et plus précisément, l'acharnement d'un certain J. Edgar Hoover (perpétué encore après sa mort en 1972) envers les afro-américain. Élaborer le portrait des Black Panthers, dont l'image est peut-être écornée chez beaucoup, par le prisme d'un pan de la vie d'une actrice aujourd'hui connue comme un des visages emblématiques du mouvement cinématographique français : La Nouvelle Vague.
Dresser le portrait d'une jeune femme, libre, romantique et qui revendiquait la volonté de vouloir se servir de sa popularité et de son argent afin d'aider des causes qui lui semblaient noble. Celle de l'oppression des afro-américains sur le territoire américain par exemple. Des valeurs aussi belles que joliment peintes dans le film. Quelques lignes de dialogues bien senties, quelques fulgurances de mise en scène, mais surtout une actrice principale qui incarne et inculque une prestance revendicatrice au personnage. Incarnation, faisant de Jean Seberg une figure féminine de caractère dont les revendications auront la perte. Une figure forte incarnée avec justesse, romantisme et élégance par une Kristen Stewart dans la droite lignée des prestations réalisées dans les films Equals et Sils Maria. Certainement son plus beau rôle à ce jour. Une prestation tout en retenue et dont le regard diront bien plus qu'une explication détaillée par le dialogue. Une actrice de talent, qui démontre pouvoir donner du caractère à un personnage afin de porter sur ses frêles, mais solides, épaules, le poids d'une oeuvre dépourvue d'une mise en scène quant-à elle, solide. Si le film joui d'un rythme qui me faibli pas sur son heure et quarante de durée, c'est fondamentalement ce qui lui permet d'être aussi rythmé et accessible, qui nuit pleinement en son intérêt.
Centré sur la figure de Jean Seberg, afin de contextualiser la situation et donner une impression de supériorité au spectateur, les scénaristes Anna Waterhouse et Joe Shrapnel ont néanmoins optés pour un point de vue omniscient. Jongler entre le point de vue de Jean Seberg, ainsi que celui de l'agent Jack Solomon du Federal Bureau Investigation. Deux points de vues qui permettent au spectateur d'avoir un regard global sur la situation et qui permettent au film de ne pas perdre en rythme en jonglant d'une vie à l'autre (plus de choses à raconter avec deux arcs narratifs qui influent l'un sur l'autre), mais qui nuisent en la singularité de l'oeuvre. Ainsi qu'envers l'implication du spectateur. Centre névralgique de l'histoire racontée, Jean Seberg est ce personnage qui doit permettre au spectateur de ressentir des émotions. Pouvoir la comprendre et s'impliquer émotionnellement autant qu'elle, séquence après séquence. Malheureusement, en optant pour un point de vue omniscient, le spectateur se voit contraint d'être rejeté d'une histoire qu'il ne peut pas vivre pleinement étant dès le début dans le secret. D'un côté on a un personnage de plus en plus rongé par le stresse et qui se questionne constamment. Et de l'autre, un spectateur qui en vient presque à se demander pourquoi Jean Seberg stresse autant, puisqu'en connaissance des réponses aux questions depuis le début. Un meilleur rythme, une plus grande accessibilité grâce à un scénario qui prend le spectateur par la main, mais une perte drastique d'implication et d'intérêt à cause de ce manque de caractère dans la mise en scène, ainsi que dans l'écriture du récit. Si les thématiques et le personnages principal sont très intéressants, ils sont sous-exploités à cause d'un film qui manque de caractère, de singularité et d'audace.
Choisir un réel point de vue, tel celui de Jean Seberg, et s'y tenir d'un bout à l'autre, aurait par exemple, pu permettre au cinéaste Benedict Andrews de pousser les portes du thriller afin de jouer sur la psychose du personnage. Impliquer le spectateur au point de lui faire voir ce que Jean Seberg voit, de lui faire ressentir ce qu'elle ressent. Avoir un réel point de vue qui inculque au film une ambiance et aux spectateurs des émotions. Impliquer son spectateur tout en donnant à l'oeuvre un intérêt, une singularité lui permettant de ne pas être qu'un biopic divertissant et intéressant, mais loin d'être immanquable. Néanmoins loin d'être la purge insignifiante déclamée ici et là, grâce au travail d'artistes de talents. Michael Wilkinson aux costumes, Christy McIrwin aux décors et Rachel Morrison à la direction de la photographie. Trois artistes de renom et incroyable qui ont su capter l'essence des années 70. Beau, élégant et coloré, une cohérence artistique qui donne au film une aura à l'image de son personnage principal (douce, frêle, fragile, romantique et élégante), à défaut d'avoir une réelle identité. Un film qui manque d'audace, de singularité et du réel point de vue d'un metteur en scène, mais sauvé par un personnage principal superbement incarné et son panel de talentueux techniciens de l'image.
Disponible sur Amazon Prime, YouTube, Google Play et Apple TV depuis le 15 mai 2020 (catalogue américain).
" Jean Seberg une figure féminine de caractère incarnée avec justesse, romantisme et conviction par Kristen Stewart, dans un film qui manque cruellement du point de vue d'un auteur. "