Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le fauve en liberté » de Gordon Douglas.
« Regarde ces trois policiers : cela prouve qu’il y a au moins trois hommes malhonnêtes dans le monde. Tu vois bien que je ne suis pas l’unique ! »
Ralph Cotter s’évade d’un pénitencier avec un codétenu, Carleton. Holiday, la sœur de ce dernier, et un autre gangster Jinx les aide, mais Cotter décide tuer son partenaire Carleton. Décidé à se procurer de l’argent, Cotter aidé de Jinx, qui emprunte la voiture de Masson, un garagiste, vole la paie du grand magasin Hartford. Holiday devient la maîtresse de Cotter. Mais Mason « donne » Cotter à Weber et à Race, deux policiers corrompus…
« Ne touchez pas à cette fille. Son père est trop puissant. Ne démolissez pas tout avant d’avoir construit »
Il aura eu beau se démener, l’acteur James Cagney n’aura jamais véritablement réussi à se défaire de son personnage de bad guy qui lui aura collé à la peau tout du long de sa carrière. Il faut dire qu’il aura su rendre ses interprétations mémorables en y insufflant une formidable explosivité, toute en rage et en brutalité, rendant ses personnages à la fois inquiétants et imprévisibles. A l’image de ses prestations dans « L’ennemi public » (Wellman, 1931), « Les fantastiques années 20 » (Walsh, 1939) ou encore « L’enfer est à lui » (Walsh, 1949). En 1950, il enfile une nouvelle fois son costume de bad guy à l’occasion du « Fauve en liberté », adaptation du roman « Adieu la vie, adieu l’amour... » d’Horace McCoy (dont les écrits inspireront quelques années plus tard le film « On achève bien les chevaux » de Sydney Pollack). Une histoire qui rappelle la fable du crapaud se croyant plus forte que le bœuf. On y suit en effet l’évasion d’un petit gangster sans envergure qui, durant sa cavale, croit pouvoir prendre le contrôle par la force des activités occultes de la petite ville où il a trouvé refuge.
« Je n’ai jamais vu un salaud pareil. Il finira par tous nous mettre au bout d’une corde un de ces jours »
Cinéaste à la longévité exceptionnelle (une centaine de films à son actif entre le milieu des années 30 et la fin des années 70) et à la carrière très éclectique (il tourne aussi bien la comédie d’espionnage « F comme Flint » que des westerns comme « Rio Conchos » ou des polars avec Sinatra comme « Tony Rome est dangereux » ou « Le détective »), Gordon Douglas tourne là un honnête film noir de facture très classique en ce qu’il reprend les codes inhérents au genre : ambiance assez glauque, fatalité, femme fatale qui finira par perdre le héros. A ceci près que pour une fois, le héros - une petite frappe sans foi ni loi - n’est en rien attachant. Mais plus que tout, le film marque les esprits par le regard particulièrement cynique qu'il porte sur la société américaine. Un monde de canailles. Comme si au fond tous les gardiens de l’ordre et de la morale (policiers, avocats, matons...) étaient invariablement corrompus et dévoyés, chacun ayant vendu son âme au diable en s’adonnant à toutes sortes de petits trafics lucratifs. Ce qui contribue pleinement à donner au film une ambiance pesante et malsaine qui s’avère plutôt marquante et qui compense un peu le relatif manque d’enjeu de son scénario.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de trois présentations distinctes, respectivement signées par Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif.
Edité par Sidonis Calysta, « Le fauve en liberté » est disponible en DVD depuis le 12 mai 2020.
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