Réalisatrices : Daphné LeBlond et Lisa Billuart Monet
Acteurs : -Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Belge
Durée : 1h28min
Synopsis :
Des jeunes femmes dialoguent autour du thème de la sexualité féminine. Avec une liberté, un courage et un humour communicatifs, elles partagent leur expérience et leurs histoires, dans la volonté de changer le monde autour d'elles et de faire valoir le droit des femmes à une éducation sexuelle informée, délivrée des contraintes et des tabous.
Critique :
C’est en refusant l’ignorance, en posant des mots là où il faut en poser, en informant les femmes (et les hommes) sur le corps, son fonctionnement, sans tabous ni préjugés, que #MonNomEstClitoris est un véritable outil pédagogique, à montrer au + grand nombre. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/a2lQdkWzqb— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 20, 2020
Pour leur premier documentaire, les réalisatrices Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond sont allées interroger des jeunes femmes de vingt à vingt-cinq ans autour des tabous liés à la sexualité féminine. En déliant les langues, elles soulignent l’aspect politique du corps de la femme cisgenre, de son sexe notamment et comment il fonctionne.
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Cela commence par des schéma incertains, des traits fébriles essayant d'esquisser l’organe dont on parle couramment maintenant, contenu dans le titre du documentaire : le clitoris. Mon nom est Clitoris se veut une réponse percutante aux cours de SVT survenus au collège, où on nous a pour la première fois expliqué intégralement, schéma à l’appui, les appareils génitaux de l’homme et de la femme et du cycle de reproduction. Nous pouvons aisément dessiner un pénis, même grossièrement, mais et le début du film nous le confirme, il n’en est pas de même avec le sexe féminin. Le clitoris, seul organe existant uniquement pour le plaisir, a longtemps été absent des manuels d’anatomie. Puis, quand il a fait sa réapparition, de nombreuses informations ont circulé, qui se sont révélées fausses au final. Les femmes sont très mal renseignées sur le fonctionnement de leur propre corps et cette absence d’information et d’éducation fait partie intégrante du patriarcat. Se réapproprier son sexe, les mots le décrivant tendent à cesser les tabous autour de la sexualité. C’est pourquoi il était important d'apposer le nom “clitoris” directement dans le titre. “Le nommer c’est le faire exister, dans l’esprit comme dans le corps, dans la pensée comme dans la sensation” nous dit l’une des réalisatrices, Daphné Leblond, dans le dossier de presse du film.
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Parmi les jeunes femmes interviewées, l’opinion reste unanime, les cours d’éducation sexuelle sont mal foutus. Le mot plaisir n'apparaît jamais et si nous avons la chance de l’entendre c’est pour parler masturbation, exclusivement masculine d’après les manuels. Les femmes ne se donnent aucun plaisir et attendent leur beau princ.esse charmant.e pour y parvenir. Première idée reçue, que les réalisatrices rétament tranquillement par les témoignages. Malgré le peu d’information, les petites filles, comme les petits garçons comprennent très tôt ce qui se passe en bas. La différence (de taille) est : si on apprend aux garçons que ceci est normal, on ne donne jamais cette occasion aux filles. La discrétion se doit d’être primordiale. Les techniques sont des bruits de couloir (brosse à dent, pommeau de douche) et doivent être transmises en chuchotant. La honte fait partie du “package” quand on est entourée d’image où la jouissance féminine est procurée par un tiers, de préférence avec un pénis. La découverte se fait donc seule, à tâtons.
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Tout en donnant la parole à des femmes qui se dévoilent, pour la première fois, à l’aveu de certaines, Mon nom est Clitoris a aussi un enjeu pédagogique. Dénoncer les cours d’éducation sexuelles désastreux, la désinformation au premier abord, mais aussi proposer de façon ludique et humoristique l’image d’un clitoris en entier et son fonctionnement. Parce que le documentaire est une vraie discussion intime, que l’on pourrait avoir avec des amies, les réalisatrices brisent les clichés et tabous, apprenant même des choses en direct live à leur intervenantes : la longueur d’un clitoris (qui équivaut à un pénis), mais aussi le mythe de l’orgasme vaginal, qui est en fait clitoridien (le clitoris entourant le vagin). Cette ignorance encourage les clichés, la fétichisation du corps féminin qui se trouve à la merci du regard phallo-centré.
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Les intervenantes sont conscientes que leur démarche, ainsi que celles des réalisatrices, est féministe. C’est en refusant l’ignorance, en posant des mots là où il faut en poser, en informant les femmes (et aussi les hommes) sur le corps, son fonctionnement, sans tabous ni préjugés que l’on pourra avancer. Mon nom est Clitoris est un véritable outil pédagogique, à montrer au plus grand nombre. Cela tombe bien, il sort chez nous le 17 juin en virtuel.
Laura Enjolvy