Le pitch est résumé avec un talent immense lors d’un pré générique virtuose de 10 minutes qui a lui seul pourrait constituer un film à part entière, l’art de l’ellipse étant porté à son apogée. Un couple ; lui, un braqueur à la manque ; elle, une jeune flic qui le met sous les verrous à plusieurs reprises. Les deux tombent amoureux, veulent un enfant ; elle est stérile, alors il décide de voler un gamin au notable du coin qui lui vient d’avoir des quintuplés. Et c’est parti pour une comédie déjantée menée tambour battant et à la mise en scène nerveuse.Second film des atypiques frères Coen, ce film possède déjà tous les éléments de leur œuvre. D’influence sous culture américaine, ils sont les héritiers du cinéma spaghettis à la Leone tout comme le sera Tarantino dans leurs pas. Cartoonesque à souhait, le couple de héros est un mix de Woody Woodpeecker (dont la référence est même clairement affichée) et du Coyote ; chemises hawaïennes et couleurs flashy viennent complétées le tableau Voilà pour un esthétisme décalé. Mais chez eux le plus jouissif réside dans un humour corrosif ; leur parti pris : grossir le trait jusqu’à la caricature pour mieux dénoncer en filigrane. Et ici, en se moquant ostensiblement et jusqu’au sadisme de ce couple un peu marginal, ils les rendent attachants et en profite pour condamner encore plus fort la supercherie autour de l’American Dream. Et dans nombre de leurs films, ils mettront en avant ces oubliés de la première puissance mondiale. Couple attachant, car même si modeste et un peu simple d’esprit, eux font montre de tendresse et d’une vraie philosophie de la vie ; les ravages de la bêtise touche en fait les autres. Souvent conspués par la critique pour leur portrait au vitriol des laissés pour compte, ils sont en fait leurs fidèles alliés. Pour toute ces raisons, plongez dans le monde des Coen… celui-ci est une bonne porte d’entrée dans leur univers divertissant comme un parc de loisirs.
Sorti en 1987
Ma note: 16/20