Le destin est au tournant

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le destin est au tournant » de Richard Quine.

« C’est amusant comme une cicatrice peut éveiller l’intérêt quelquefois... »

Lorsqu'il rencontre Barbara Mathews, Eddie Shannon pense avoir trouvé l'amour de sa vie. Ce jeune mécanicien rêve de disputer une course de rallye en Europe. Mais son destin est tout autre... Barbara lui fait rencontrer deux sombres personnages qui lui proposent de conduire une voiture lors d'un braquage de banque. Eddie refuse, mais lorsque sa compagne insiste, il revient sur sa décision. Bientôt, il se rend compte qu'il s'agit d'une machination...

« Si je le pouvais, mon rêve serait de participer à une grande course internationale »

Enfant acteur et danseur, Richard Quine mène une première carrière de comédien durant les années 30 et 40. On l’aperçoit ainsi dans une vingtaine de films, notamment chez Frank Lloyd (« Cavalcade », 1933), John Ford (« Le monde en marche », 1934) ou encore Ray Enright (« Dames », 1934). Surtout, il apparait dans plusieurs comédies musicales, à Broadway mais aussi au cinéma, notamment dans « Débuts à Broadway » en 1941 et « Ma vie est une chanson » en 1948 dans lesquels il donne la réplique à un autre ex-enfant acteur, Mickey Ronney. Mais son rôle le plus marquant, Quine le trouvera en 1949 dans le « Pigeon d’argile » de Richard Fleischer. Toutefois,  las d’enchainer les rôles secondaires sans parvenir à faire décoller sa carrière, il décide dès la fin des années 40 de passer à la réalisation. Un projet qu’il concrétise grâce à Harry Cohn qui l’embauche à la Columbia. Ses premières réalisations seront notamment marquées par sa collaboration avec un jeune scénariste prometteur (lui-même comédien contrarié) nommé Blake Edwards, et qui deviendra plus tard le célèbre cinéaste que l’on connait. Si le duo enchainera à ses débuts les films musicaux (« Sound off », « Rainbow’round my shoulder », « Cruisin’down the river »), il finira par glisser définitivement vers la comédie, d’abord en tandem (« Ma sœur est du tonnerre ») puis chacun de son côté. Mais avant cela, Richard Quine fera un court détour par le film noir le temps de deux films : « Le destin est au tournant » et « Du plomb pour l’inspecteur », tous deux réalisés en 1954.

« C’est le plus charmant idiot que je connaisse. Espérons pour lui qu’il soit vraiment idiot »

Adapté d’une histoire de James Benson Nablo, « Le destin est au tournant » est un film noir centré sur la frustration et la manipulation. On y suit un jeune mécano qui rêve de gagner des courses automobiles mais qui n’a ni l’argent pour s’acheter la voiture à même de lui permettre de briller sur les circuits, ni une belle gueule pour attirer les sponsors et les investisseurs. Jusqu’au jour où ses talents seront remarqués par une manipulatrice et qu’il retrouvera entrainé malgré lui dans un audacieux braquage pour lequel ses talents de pilote sont requis. « Le destin est au tournant » repose ainsi sur un scénario qui est une sorte d’archétype même du film noir, construit autour de personnages très typés (le looser manipulé, la femme fatale qui le fait basculer malgré lui du côté obscur) et d’une ambiance lourde entre poisse et fatalité. Mais Quine et Edwards se démarquent en prenant pour décor le monde méconnu des courses automobiles amateurs, ce qui donne lieu à une formidable séquence automobile dans le dernier tiers du film. On se doit également de souligner leur parfaite utilisation des décors pour créer une ambiance, à l’image de la sinistre petite chambre meublée du héros, qui est le parfait reflet de sa triste vie. Mais surtout, le film doit sa réussite à la qualité de ses acteurs, porté par le formidable Mickey Rooney (qui joue à plein pot de son physique chétif) et par Kevin McCarthy. De vraies « gueules » de cinéma qui donnent une dimension crédible et réaliste à l’ensemble. Un film très prenant donc, en dépit de son scénario un tout petit peu prévisible.

***

Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées par Patrick Brion et François Guérif.

Edité par Sidonis Calysta, « Le destin est au tournant » est disponible en DVD depuis le 18 février 2020.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.