Quasi absence de dialogue ; le silence est d’or chez Jarmusch ! Peu d’action aussi, il doit donc faire preuve d’un talent hors pair de mise en scène et de choix esthétique pour élaborer sa narration. Ici un proxénète et une petite frappe se retrouvent dans une cellule étroite après que Jarmusch nous les ai présenté simultanément dans un montage alterné captivant ; pour moi le moment le plus abouti du film. En taule, ils ne se supportent pas jusqu’à ce qu’un petit bonhomme rital viennent faire le lien entre eux autour d’un projet d’évasion. Les trois compères s’évadent, traversent le bayou ; mais les deux hommes ne s’entendent guère plus. Jarmusch établit une réflexion sur la relation humaine dans des situations extrêmes : l'emprisonnement, l'isolement, l'errance, dans un milieu triste ( favorisé par le noir et blanc) et crasseux ( prison, marécages ). Tout cela dans une histoire longue, aux nombreux plans séquences qui, avouons-le, font baisser plusieurs fois l'attention du spectateur. Et c’est bien le manque d’enjeux précis, de personnages attachants, de trous scénaristiques dans le seul but de réaliser un exercice de style qui pose problème. On a l’impression que le film tourne à vide et on s’ennuie ferme tout en notant le talent du metteur en scène. Un pur film de cinéphile des « Cahiers du cinéma ».
Sorti en 1986
Ma note: 10/20