A partir du premier juillet, rétrospective Forbidden Hollywood au Lumière Terreaux

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Forbidden Hollywood 

L’ère pré-Code, rétrospective en 10 films
Co-produite par la Warner Bros et le festival Lumière 2019

Au Lumière Terreaux dès le 1er juillet

Cette rétrospective raconte l’histoire d’une parenthèse enchantée : cinq années dans l’histoire de Hollywood, entre 1929 et 1934, qui constituent plus qu’une période, un genre à part entière du cinéma américain. Juste après la révolution économico‑politique que la crise de 1929 provoque en Amérique, un groupe de cinéastes jouissant d’une liberté morale et esthétique, sans équivalent dans l’histoire du cinéma américain, mettent en scène une vision du monde subversive, novatrice, dont la valeur ultime est la liberté. Cette liberté de ton ne sera plus permise à partir de 1934, et la mise en place du code Hays

N’hésitez pas à venir découvrir ces films oubliés à la modernité frappante !

Les films au programme

Âmes libres de Clarence Brown (A Free Soul, 1931, 1h37)
La fille d’un avocat tombe amoureuse d’un élégant gangster que son père a défendu avec succès… Un film noir avec les remarquables Lionel Barrymore (Oscar du meilleur acteur), Clark Gable et Norma Shearer.
L’Ange blancde William A. Wellman (Night Nurse, 1931, 1h15)
Une infirmière tout juste diplômée (Barbara Stanwyck) découvre qu’un praticien laisse mourir les enfants de la famille où elle travaille pour toucher un héritage… Un magnifique portrait de femme et brûlot sur l’institution hospitalière.

Blonde Crazy de Roy Del Ruth (1931, 1h18)
Bert et Ann travaillent dans le même hôtel, et deviennent vite un duo d’inséparables arnaqueurs… Un film de hors-la-loi à l’intrigue audacieuse et la mise en scène libre et belle.

Jewel Robbery de William Dieterle (1932, 1h13)
Vienne. Une baronne adultère s’éprend d’un élégant voleur durant le braquage d’une bijouterie… Une brillante comédie cynique mêlant haute société, cambriolage et séduction, avec William Powell et Kay Francis, éblouissants.

La Belle de Saïgon de Victor Fleming (Red Dust, 1932, 1h27)
En Indochine, le triangle amoureux entre le directeur d’une plantation, l’épouse de son ami et une aimable prostituée au charme magnétique… Un grand drame érotique avec Clark Gable et Jean Harlow.

La Femme aux cheveux rouges de Jack Conway (Red-Headed Woman,1932, 1h22)
Une femme ambitieuse séduit son patron marié pour s’élever, par tous les moyens, dans la hiérarchie de la Compagnie Legendre… Un des films les plus subversifs de l’ère pré-Code, noir, incisif et comique, avec la mythique Jean Harlow.

Employees’ Entrance de Roy Del Ruth (1933, 1h18)
New York. Un directeur de grand magasin tyrannique et abusif engage Madeline en échange d’une nuit avec elle… Un film impertinent sur le capitalisme triomphant, entre dénonciation et humour.

The Mind Readerde Roy Del Ruth (1933, 1h13)
Chandra, un escroc passant pour un guérisseur aux produits miraculeux, parcourt les foires du pays avec son complice… Une comédie et romance mordante, portrait d’une Amérique en pleine Grande Dépression.

Baby Faced’Alfred E. Green (1933, 1h14)
Ignoblement prostituée par son père, Lily Powers (Barbara Stanwyck) part à New York. Elle gravit les échelons d’une banque, utilisant les hommes comme marchepied… Un très grand film provocateur, qui choqua l’Amérique.

Female de Michael Curtiz (1933, 1h02)
Alison Drake dirige fermement l’entreprise héritée de son père. Elle s’éprend d’un inconnu, qui s’avère avoir pour mission de sauver son entreprise en faillite… Un film étonnant dont la liberté de ton laisse poindre une critique du capitalisme.

Hollywood et le Code Hays

« Au début des années 30, avant qu’Hollywood ne s’impose le respect d’un code de censure régissant la production des films, l’attitude libertaire de l’époque se reflétait au cinéma. Nudité, adultère, prostitution ou encore références à la mafia fleurissent sans contraintes sur les écrans.

La censure appliquée à l’industrie cinématographique prend son essor en 1922, suite à trois scandales qui ébranlèrent Hollywood : le procès de Roscoe Arbuckle pour viol et meurtre, l’assassinat jamais élucidé de William Desmond Taylor, et la mort par overdose de l’étoile montante Wallace Reid. En 1930, une nouvelle version du Code de Censure voit le jour pour normaliser les règles à suivre dans plusieurs états, l’apparition de films parlants ayant rendu la simple coupure de scènes jugées offensantes impossible.

Cependant, les Studios n’appliquent pas véritablement le code, trop préoccupés par la baisse de fréquentation des salles pendant la Grande Dépression. Ainsi, l’ère Pré-Code est définie dans la littérature par la sortie en 1929 de The Divorcee, mettant en scène Norma Shearer dans le rôle d’une épouse trompée décidant de prendre elle-même un amant pour « rendre la monnaie de sa pièce » à son mari. L’incroyable succès critique et financier du film conduit les Studios à ce mouvement ; bientôt, presque chaque actrice hollywoodienne est sommée de pécher et de se repentir. La série de films sensationnels qui s’ensuit fera finalement émerger Hollywood de la crise économique dans laquelle s’enfonçaient les Studios, et les spectateurs plébiscitent les frissons licencieux qu’ils lui procurent. »
Ciné Chronicle