Synopsis : " Après que son père ait disparu et que le reste de sa famille ait été envoyé dans un camp pour prisonniers politiques, tristement célèbre, en Corée du Nord, un jeune garçon va devoir apprendre à survivre dans des conditions difficiles, trouver un sens à sa périlleuse existence, et peut-être même s'échapper. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument... tu allumes ton ordinateur, tu cliques sur ton navigateur préféré et écris : Festival International du Film d'Annecy. Il te reste à t'identifier, puis s'ouvre à toi, du 15 au 30 juin 2020, une grille de programmes regroupant courts et longs métrages d'animation en provenance de toutes horizons.
Bon cinéma de chez toi !
Présenté en compétition au Festival International du Film d'Annecy, True North est le premier long-métrage d'animation du cinéaste japonais Eiji Han Shimizu, où l'on suit le récit d'un jeune homme racontant son histoire dans un Ted Talk. Son histoire est celle de son enfance et de sa vie de jeune adulte dans un camp pour prisonniers politiques en Corée du Nord. True North nous conte le récit de la survie de ce jeune homme dans des conditions terribles, jusqu'à son évasion quelques années plus tard.
Avec ce premier long métrage, Eiji Han Shimizu utilise l'animation 3D pour dépeindre les horreurs des camps pour prisonniers politiques en Corée du Nord, sans jamais l'atténuer ou la minimiser. Si la technique de l'animation rend plus accessible son récit, True North n'oublie jamais d'y injecter une dimension politique tout en nous racontant un récit de survie humaniste, où un jeune homme grandit et trouve un sens à son existence en se retrouvant confronté à la dure réalité de son pays. Avant d'être une œuvre politique, le premier film d' Eiji Han Shimizu est un récit initiatique sur la question de l'identité, où un jeune homme essaye de comprendre qui il veut être dans ce monde. Être du côté des oppresseurs pour survivre ou être du côté des oppressés et milité pour une cause.
L'animation 3D permet de retranscrire la violence et l'horreur des camps de manière frontale, sans jamais édulcorer la réalité. Si cette animation permet de retranscrire cette réalité, elle peine davantage à retranscrire les émotions de ses personnages, la faute à une rigidité technique qui atténue les expressions faciales de ses protagonistes. Le choix d'une animation 3D réaliste est à double tranchant, apportant une certaine crédibilité à la réalité politique et sociale que dépeint le long-métrage tout en figeant l'émotion chez le spectateur qui peine à s'identifier à des polygones dont le récit de survie suscite pourtant l'empathie.
Ce que le long métrage perd par sa pauvreté technique et rigide, est fort heureusement compensé par quelques idées de mise en scène plutôt bien trouvées, notamment l'utilisation de plans subjectifs ou de plans-séquences dans l'animation qui permet de mieux s'immerger dans la peau du personnage et son ressenti de manière plus frontale. True North compense alors ses lacunes techniques par une certaine ingéniosité dans sa mise en scène, son montage et son découpage. Cela nous fait oublier au passage sa technique d'animation pour nous immerger dans un drame politique poignant et puissant dans son propos. Un récit humaniste nécessaire pour ne plus fermer les yeux sur une réalité actuelle, celle de la dictature politique qui sévit toujours en Corée du Nord.
Plus qu'un long-métrage d'animation, True North est un message politique, un cri d'alerte lancé pour faire réagir sur la situation actuelle de la société coréenne. Une nouvelle preuve, s'il en fallait une, que le cinéma d'animation peut aussi faire bouger les mentalités politiques de notre monde.
" Malgré les lacunes de son animation 3D, True North compense sa rigidité technique par un message humaniste, puissant et politique. Plus qu'un film d'animation, True North est une œuvre nécessaire. "