Synopsis : " Une fille muette et son père ont laissé chez moi un tableau intitulé "La Sorcière chamane". Cette représentation vaut mille mots. Une chamane dénommée Mohwa, qui vit avec sa fille muette Nang-yi et son mari, a pratiqué le chamanisme durant toute son existence. Un jour, son fils Wook-yi revient à la maison après plusieurs années d'absence, et après s'être converti au christianisme. Cela provoque un conflit et mène sa famille à la tragédie. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument... tu allumes ton ordinateur, tu cliques sur ton navigateur préféré et écris : Festival International du Film d'Annecy. Il te reste à t'identifier, puis s'ouvre à toi, du 15 au 30 juin 2020, une grille de programmes regroupant courts et longs métrages d'animation en provenance de toutes horizons.
Bon cinéma de chez toi !
Présenté dans la compétition Contrechamp au Festival International du Film d'Annecy 2020, dont il est reparti avec la mention du jury, The Shaman Sorceress est le nouveau long-métrage d'animation du cinéaste sud-coréen An Jaehoon, réalisateur à la tête du studio d'animation Meditations with a Pencil, réputé pour son travail sur une animation très picturale. Adaptation du roman éponyme de Dong-Ni Kim paru en 1936, The Shaman Sorceress se déroule dans la Corée traditionnelle du XXe siècle, en pleine évolution vers le modernisme avec l'arrivée du christianisme, où l'on suit une histoire tirée d'un tableau qui sert de point de départ au récit, celui de La Sorcière Chamane. Cette peinture raconte l'histoire de Mohwa, une chamane vivant avec sa fille muette, Nang-yi, qui voit sa vie être bouleversée le jour où son fils Wook-yi revient à la maison après plusieurs années d'absence, converti au christianisme. L'arrivée du christianisme dans cette sphère familiale, pratiquant le chamanisme, va mener cette famille vers la tragédie.
Dans son postulat de départ, The Shaman Sorceress a pour ambition de nous raconter la grande Histoire, celle de l'arrivée du christianisme en Corée, à travers la petite histoire d'une famille coréenne, sous la forme d'une magnifique fresque picturale. Et visuellement, The Shaman Sorceress est d'une beauté absolue. Mélange d'animation 2D pour ses décors picturaux et d'animation 3D pour les personnages évoluant dans ses somptueux environnements, An Jaehoon et ses animateurs ont effectués un travail d'orfèvre, le long-métrage étant digne d'une magnifique peinture animée, avec un travail sur les couleurs admirable qui transforme chaque scène de danse chamanique en un moment de poésie contemplative folle, sublimée par une musique traditionnelle somptueuse et envoûtante.
Mais malheureusement, une animation plus que soignée et maitrisée et des visuels poétiques ne suffisent pas pour compenser un récit soporifique, inégal dans son rythme et poussif. The Shaman Sorceress souffre notamment d'une narration éclatée et non-linéaire assez superficielle, plus difficile à suivre que réellement utile. L'omniprésence d'une voix off lourde et indigeste qui vient souligner constamment le récit et les dialogues de ses personnages n'arrangent en rien les choses, plombant davantage un récit bien trop ambitieux dans sa narration alambiquée. Le long-métrage est parsemée de moments musicaux, où les personnages se mettent à chanter leurs émotions comme dans un mauvais clip de pop-coréenne qui ferait passer les chansons de Lara Fabian (ou de toute autre artiste de variété française), pour une œuvre d'art. Des moments musicaux pas assez nombreux pour que le film appartienne au genre de la comédie musicale, mais suffisamment pour briser le rythme de son récit et agacer le spectateur allergique à la niaiserie de ses paroles.
À force de ne jamais assumer complètement ces choix radicaux dans sa forme hybride, le film passe à côté de sa dimension tragique, le long-métrage se voulant être une tragédie picturale sur la destruction d'une sphère familiale par un conflit religieux. Un sujet historique fascinant porté par une animation colorée et poétique, The Shaman Sorceress avait tout pour plaire et emporter dans sa tragédie, avec son final tragique et poétique. Le long-métrage n'a pas laissé le jury d'Annecy indifférent, le film repartant avec une mention au palmarès. Une distinction certes méritée pour le travail d'orfèvre de son animation picturale d'une beauté absolue. Mais The Shaman Sorceress provoque plus l'ennui que la fascination, faute à un récit inégal et à un rythme soporifique. Une véritable impression de rendez-vous manqué.
Aucune date de sortie de fixée pour le moment
" Visuellement somptueux avec ses décors digne de fresques grandioses, envoûtant dans ses moments de contemplations poétiques, The Shaman Sorceress emporte par sa beauté plastique, à défaut de nous convaincre de par son récit inégal et soporifique. Un beau livre d'images assez vain. "