Synopsis : " Anne Walberg est une célébrité dans le monde du parfum. Elle crée des fragrances et vend son incroyable talent à des sociétés en tout genre. Elle vit en diva, égoïste, au tempérament bien trempé. Guillaume est son nouveau chauffeur et le seul qui n'a pas peur de lui tenir tête. Sans doute la raison pour laquelle elle ne le renvoie pas. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position "je m'installe comme à la maison" ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
Parfois des films arrivent sur le grand écran et on se demande si leur sortie n'est pas comme un signe. Les Parfums fait partie de ces films dont la présentation sur grand écran semble marquer un renouveau, une nouvelle époque, une nouvelle ère... celle d'après le confinement et du coronavirus. Les Parfums est un film léger jouant sur les sensations du spectateur dont la plus importante en ce moment : l'odorat.
Sentir, ressentir, respirer à plein poumons toutes les odeurs qu'inspire le film. C'est là son premier talent : avec des mots, des attitudes et des descriptions, le cerveau du spectateur retrouve les odeurs présentées par les protagonistes. Comment ? Le film joue sur nos souvenirs : l'odeur de l'herbe coupée (préparez-vous à être surpris), les vieilles églises, les écorces d'orange... images mentales certes, mais pourtant le nez réagit à chaque fois, à chaque mention.
Mais Les Parfums n'est pas qu'un film sur les odeurs, c'est aussi une histoire de reconstruction, celle d'une femme qui a perdu son "nez", ennuyeux quand on crée des parfums. Et celle de cet homme qui veut construire une vie avec sa fille de dix ans après une séparation compliquée. Et la reconstruction de ces deux personnages passe par cette rencontre entre un chauffeur suffisamment têtu pour pousser dans ses retranchements la créatrice de parfum.
Ce genre de scénario a déjà été vu au cinéma : la fameuse opposition entre une femme et un homme qui au départ se détestent pour finalement s'apprécier ou tomber dans les bras l'un de l'autre... L'histoire montre l'évolution d'Anne Walberg, le "nez" et Guillaume Favre, son chauffeur par un jeu du chat et de la souris très drôle grâce aux textes ciselés à la perfection. Il faut reconnaître à Grégory Magne cette habilité de ciseler des répliques aux petits oignons déclamés par deux acteurs au summum de leur forme.
Emmanuelle Devos et Grégory Montel ne jouent pas, ils sont Anne et Guillaume. Ils charrient dans leur interprétation tout le passif des rôles interprétés précédemment. Par leur façon d'être, par l'aura qu'ils dégagent, ils s'effacent derrière leurs personnages. Emmanuelle Devos joue de son côté star inaccessible, comme supérieure, au phrasé si particulier pour devenir cette diva du parfum dénuée de son odorat de génie. Quant à Grégory Montel, il présente sa bonhommie naturelle et sa force tranquille, exposée dans la série Dix pour Cent, pour incarner ce chauffeur de berline prêt à changer la vie de chacun et s'offrir un avenir meilleur pour obtenir une véritable garde partagée. Et les moments avec sa fille Léa, jouée par Zélie Rixhon, sont d'une légèreté bienvenue offrant un bonheur continu.
Alors certes, l'histoire est basique pourtant elle est drôle, enlevée et laisse un sourire aux lèvres. Les images sont léchées, certains paysages majestueux et la photographie de Thomas Ramès est apaisante que cela soit dans les campagnes ou la banlieue... sur les autoroutes ou les beaux quartiers. Quant à la musique qui accompagne l'histoire, le réalisateur a fait appel à un auteur-compositeur-interprète de talent : Gaëtan Roussel (créateur de Louise Attaque et Tarmac). Ses compositions accompagnent les personnages dans leurs différentes aventures. Des aventures olfactives où chacun se découvre au fur et à mesure. Le scénario des Parfums est comme un parfum que l'on met sur la peau. Il livre une première odeur puis s'attache à la peau pour offrir d'autres senteurs et mieux vous étourdir.
Les Parfums est une sorte de parenthèse suspendue, idéale dans nos salles de cinéma post-coronavirus. Chaque sensation semble comme décuplée, renforcée et renouvelée. Les Parfums fait partie de ce cinéma qui procure un bien fou où le spectateur sort de la salle de cinéma le cœur plus léger que lorsqu'il y est entré. Et si l'été du cinéma en France nous procure des films de cette tenue (drôle ou dramatique et surtout bien écrit) alors il y a fort à parier que les salles de cinéma seront à la fête... avec pourquoi pas une envie forte pour nos productions nationales. Ce serait là une belle surprise qui montrerait réellement la vitalité de notre cinéma !
" Les Parfums fait partie de ce cinéma qui procure un bien fou où le spectateur sort de la salle de cinéma le cœur plus léger que lorsqu'il y est entré. "