Synopsis : " Deux musiciens en herbe, Lars Erickssong et Sigrit Ericksdottir, ont l'opportunité de représenter leur pays, l'Islande, à l'Eurovision. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position "je m'installe comme à la maison" ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
Un hommage, un film pour déclamer tout son amour pour ce concours tellement atypique et totalement gay friendly qu'est l'Eurovision, voilà ce qu'est Fire Saga... ou plutôt, voilà ce qu'aurait dû être Fire Saga.
Tous les éléments du kitsch assumé de l'Eurovision sont présents. Les différents concurrents tous plus impressionnants et délirants les uns que les autres. La présence de Graham Norton, star britannique des présentateurs du concours. Les chorégraphies colorées et azimutées. Il y a même des chansons dignes d'être présentées à l'Eurovision. Will Ferrell et Andrew Steele ont bien bossé leur sujet, on ne pourra pas leur reprocher... tout y est, mais malheureusement cela ne marche pas !
La faute à quoi ? À un scénario trop "pipi-caca-bite" pour être pleinement respectueux du fameux concours. Si les fans rejetteront en bloc cette comédie chantante et dansante, les puristes préféreront dire que l'on ne sait pas apprécier l'humour. Il faudra reconnaître au moins que les puristes auront raison : le film reprend les codes du véritable concours Eurovision de la chanson. À savoir, une sorte de concert terriblement drôle et kitsch, grâce auquel on passe une soirée délirante. D'ailleurs, cet état d'esprit se retrouve dans les films lors des différentes parties du concours, notamment à Edimbourg avec surtout un Dan Stevens de génie.
Il est sans doute une des raisons de voir le film, car même si son personnage est pathétique et caricatural, il y met tellement de cœur et de passion que l'on rêve qu'il participe un jour à ce concours. Il le pourrait totalement et il pourrait même représenter sa patrie britannique. On ne reprochera pas non plus à Rachel McAdams de se révéler pleinement dans son personnage de diva du froid en recherche de reconnaissance et d'amour, même si ce n'est pas elle qui chante malheureusement. Alors, pourquoi cela ne fonctionne pas ? Sans doute doit-on chercher l'erreur dans l'interprétation de Will Ferrell et l'accumulation de poncifs et de lieux communs.
L'histoire enfile les clichés comme des perles : l'anti-américanisme primaire, les allusions gay peu fines, les blagues en-dessous de la ceinture et une caricature du peuple islandais à la limite du supportable. Et malgré toute la bonne volonté de Will Ferrell et son co-scénariste, en poussant les curseurs au maximum de l'histoire, l'acteur américain surjoue sans cesse son rôle de Lars Erickssong. Cet artiste qui croit en sa bonne étoile et pour qui l'Eurovision est le rêve ultime de sa vie. Affublé d'une coupe de cheveux que même un Islandais ne porterait pas, Will Ferrell semble vouloir prouver que son personnage est incontournable et que ses répliques sont d'une drôlerie sans limite... mais ça ne fonctionne que trop rarement. Les blagues sont téléphonées, l'humour tombe souvent à plat. Il ne reste alors que les paysages magnifiques d'Islande, le côté délirant de l'Eurovision et ce passage surprenant du mash-up "Believe - Ray of light - Waterloo - Ne partez pas sans moi - I gotta feeling" par notamment d'anciens gagnants du concours.
Fire Saga aurait dû être une satire délirante, voire un poil vacharde de ces concours de chants, mais elle ne dépasse jamais le stade de déclaration d'amour infantile. Et si on sourit volontiers, il ne reste pas grande chose à retenir au final du film de David Dobkin. On en vient presque à regretter que les Européens n'aient jamais eu l'idée d'un tel hommage à l'Eurovision... et ce film Netflix renforce encore plus le sentiment de regret qui envahit tout fan de ce grand show musical : en 2020, le concours n'aura pas eu lieu en 2020. Et au lieu de surfer sur la mélancolie de cette absence, le film passe à côté de son cœur de cible... quelle cruelle déception !
" Fire Saga aurait dû être une satire délirante voire un poil vacharde de ces concours de chants, mais elle ne dépasse jamais le stade de déclaration d'amour infantile. "