Après (2017) Christopher Nolan revient avec un des projets qu'il avait dans ses cartons depuis près de 20 ans. Ne s'étant réellement remis à ce scénario que sur ces 5-6 dernières années le cinéaste en profite pour revenir à son thème de prédilection, à savoir le temps et sa chronologie avec un thriller d'espionnage qui reprend donc plusieurs éléments de ses précédents films comme "Memento" (2000) ou (2010). Avec un budget de 250 millions de dollars ce film est le plus cher signé par Nolan. A noter que le directeur Photo Hoyte Van Hoytema, qui retrouve Nolan après "Interstellar" (2014) et "Dunkerque", a déclaré que le film a été tourné avec un mélange de pellucile 70mm et IMAX. Le film a subi également les aléas de la pandémie Covid-19 en ayant sa sortie cinéma repoussée trois fois, mais heureusement Christopher Nolan n'est pas de ceux qui se rabatte sur les Netflix et consorts...
Un homme muni d'un seul mot comme indice, doit écumer les méandres de l'espionnage international pour éviter une Troisème Guerre Mondiale qui se jouerait via un renversement temporel... Le protagoniste, héros de cette aventure est incarné par John David Washington, fils de Denzel Washington révélé par le succès mérité "Blackkklansman" (2018) de Spike Lee. Robert Pattinson en attendant de la voir revêtir la cape de "The Batman" (2021) de Matt Reeves, Elizabeth Debicki vue récemment dans (2018) de Steve McQueen, Michael Caine, acteur fétiche de Nolan qui a joué dans tous ses films depuis "Batman Begins" (2005), Kenneth Branagh qui retrouve Nolan et Caine après "Dunkerque" (2017), Clémence Poésy frenchy qui se construit une belle et pourtant discrète carrière à l'international et retrouvant entre autre Robert Pattinson après "Harry Potter et la Coupe de Feu" (2005) de Mike Newell, puis Mélanie Laurent vue récemment dans un autre film américain, "6 Underground" (2019) de Michael Bay, Aaron Taylor-Johnson en attendant avec impatience un autre grand film de l'année avec "The King's Man : Première Mission" (2020) de Matthew Vaughn, Himesh Patel révélation de (2019) de Danny Boyle, puis enfin deux seconds rôles, Martin Donovan et Jack Cutmore-Scott retrouvant respectivement Nolan après "Insomnia" (2002) et "Dunkerque"... Le prologue est très efficace d'un point de vue formel, impressionnant d'un point de vue immersif et Nolan impose une nouvelle fois son sens du rythme et de l'image mais on ne comprend pas grand chose : normal c'est fait exprès ! Ensuite, par contre on aimerait comprendre à minima ce qui reste compliqué car il faut bien 1 heure avant que le puzzle prenne forme et qu'on comprenne que c'est le B.A.BA du voyage dans le temps déjà maintes fois abordés. Dans le genre on pense à la saga "Terminator", "L'Armée des 12 Singes" (1995) de Terry Gilliam ou plus récemment "Edge of Tomorrow" (2014) de Doug Liman.
"Il ne s'agit pas d'un voyage dans le temps mais d'un renversement temporel", concept qui s'avère fumeux car ne reposant que sur un jeu de mot il n'en demeure pas moins que ça reste une question de temps entre présent et futur. La nuance est pourtant une belle idée mais l'explication donnée reste trop floue pour convaincre pleinement. Sur le fond on reste donc plus ou moins sur la touche, chacun assimilera donc forcément plus ou moins le "précepte", sur la forme ce "renversement temporel" repose essentiellement sur la touche marche arrière du magnéto (pour faire simple !), et même si Nolan reste un des meilleurs réalisateurs aujourd'hui et qu'il nous scotche au fauteuil par tous les autres paramètres de mise en scène. Le pire peut-être reste le scénario sur d'autres points, ainsi on est encore sur un fond de Guerre Froide (bouh les russes !) et le héros tombe en pâmoison en quelques secondes devant la belle épouse du méchant pour qui il est prêt à tout risquer. Ecueils récurrents et ennuyeux. On peut se poser des questions également sur la "patronne" trafiquant d'armes. Par contre, les acteurs sont investis et plutôt bien inspirés, superbe surprise de Branagh charismatique et effrayant, Pattinson est solide, Taylor-Johnson méconnaissable mais si bien "infiltré", tandis que Washington fils incarne un héros à hauteur d'homme finalement assez éloigné du "sauveur du monde" qui le distingue là de son paternel. Le réalisateur soigne pourtant sa mise en scène, instaure un souffle prenant, avec une montée en puissance qui nous emporte malgré nous vers un final cohérent à défaut d'être surprenant. En conclusion on reconnaît le talent de Nolan, un casting aux petits oignons, des idées même si elles sont un peu beaucoup réchauffées pour certaines, plusieurs séquences dantesques mais également trop fouilli par moment, font que ce film n'a rien d'extraordinaire et à la vue de la filmo de Christopher Nolan ce film est une petite déception qui tombe dans les 2-3 films les plus décevants du cinéaste.