[compétition Officielle]
De quoi ça parle ? :
D’un accouchement compliqué et de ses conséquences dévastatrices pour le couple.
Martha et Sean (Vanessa Kirby et Shia LaBeouf) forment un couple heureux. Ils sont sur le point d’avoir leur premier enfant. Tout est prêt pour l’accueillir. La chambre a été préparée et décorée avec amour, la petite voiture du couple a été remplacée par un monospace familial. Au travail de Martha, une fête à été organisée pour son départ en congé maternité et célébrer la naissance à venir. Il ne manque plus qu’à mettre le bébé au monde. Pour cela, le couple a prévu de faire venir une sage-femme à domicile, pour un accouchement naturel et en douceur. Mais le jour J, cette dernière n’est pas disponible et envoie une remplaçante. Sans forcément de lien de cause à effet, l’accouchement est plus difficile que prévu et le bébé ne survit que quelques minutes après sa mise au monde. Sean est dévasté et veut poursuive la sage-femme en justice, histoire d’avoir un coupable à pointer du doigt. Martha, de son côté, semble étrangement absente, insensible à la situation, comme si cette naissance n’avait jamais eu lieu, comme si la vie continuait comme avant. Leurs relations se dégradent au fil des jours, jusqu’au point de non-retour.
Pourquoi on a un peu envie de mettre le film en morceaux? :
Parce que l’on ne retrouve absolument rien de ce qui fait habituellement le charme du cinéma de Kornel Mundruczo. Comme si, en tournant ailleurs que dans sa Hongrie natale, dans une langue étrangère, avec des acteurs américains, le réalisateur avait perdu son style, sa sensibilité et son âme.
La seule chose intéressante, ici, est la toute première partie du film, qui dure tout de même trente minutes. Passé un beau plan fixe où Martha est assise dans la chambre du bébé, semblant dores et déjà prisonnière du cadre, enfermée dans un drame imminent, Mundruczo prend le parti de filmer en plan-séquence et en temps réel l’accouchement de Martha, ne nous épargnant aucun détail. On a rarement vu ce spectacle à l’écran, en tout cas pas comme cela. Ici, il ne montre pas la femme sous son meilleur jour. Martha grimace, pousse des jurons, insulte la Terre entière, quand elle ne crie pas de douleur ou qu’elle n’est pas prise de violents haut-le-coeur. Dans ces moments-là, le film tient alors un peu la promesse du titre, un portrait de femme sous tous ses aspects, même les moins avenants. En tout cas, cette scène d’accouchement viscérale, filmée comme un rite d’exorcisme ne laissera personne indifférent.
La suite hélas est nettement plus consensuelle. C’est juste une accumulations de tranche de vies, constatant la déliquescence du couple formé par Sean et Martha, incapable de recoller les morceaux après la tragédie qui a brisé leur avenir commun. Dès lors, le film ressemble juste à un de ces films indépendants tristes et gris comme le cinéma américain en produit à la pelle, avec en bonus des symboles lourdingues sur les relations humaines (il construit des ponts, mais il est parfois nécessaire de brûler les ponts pour se reconstruire…) et l’idée de renaissance (elle fait germer des pépins de pomme pour oublier son bébé mort-né…).
D’un point de vue cinématographique, tout n’est pas à jeter. Le film propose même quelques belles scènes, comme la joute verbale qui oppose Martha à sa mère (Ellen Burstyn, peau de vache à souhait), lors d’un déjeuner en famille plutôt tendu, mais c’est quand même très décevant de la part de l’auteur de Delta et White god, autrement plus ambitieux que cet exercice de style assez morne, à l’exception de sa longue scène inaugurale.
Prix potentiels ? :
Eventuellement un prix pour Vanessa Kirby, qui se sort plutôt bien d’un rôle complexe à incarner. Mais il semble assez peu probable que le film, copieusement sifflé, figure au palmarès.
Autres avis sur le film :
”Vergogna, vergogna, vergogna, vergogna, vergogna, vergogna! Che vergogna!!!”
(“honteux!!!”)
(Un critique italien connu pour crier au moins une fois par festival son fameux “Vergogna!”dans la salle Darsena. Ici, sept fois en 5 minutes, juste après le début du film…)
”An intense English-language debut (…) Puncturing a brittle European veneer with spikes of more American emotional volatility, the drama wears influences from Ingmar Bergman to John Cassavetes — not always lightly.”
(David Rooney – Hollywood Reporter)
”Rapporti che si sfilacciano dopo un grave lutto: tematica già vista ma trattata con classe. Buona sceneggiatura, ottime interpretazioni e ottima regia. Piano sequenza iniziale magistrale.”
(“Une relation de couple s’effiloche après un deuil : une thématique déjà vue, mais traitée avec classe. Bon scénario, de grandes performances d’acteurs et une excellente direction. Le plan-séquence initial est magistral”)
(@radiocafoscari sur Twitter)