De quoi ça parle?
Euh… De deux gugusses bas du front Jean-Gab et Manu (le duo du Palmashow, Grégoire Ludig et Frédéric Marsais) qui, initialement chargé de remettre un paquet au mystérieux Michel-Michel, change de plan lorsqu’ils découvrent une mouche géante prisonnière du coffre de leur voiture. Ils décident de dresser la mouche pour qu’elle soit à leur service, un peu comme un drone vivant. Mais pour éduquer une mouche, il faut un logement et de l’argent, ce que les deux losers n’ont évidemment pas… Leur drôle de parcours les amène à croiser une galerie de personnages tout aussi loufoques qu’eux : un vieux forain vivant seul dans sa caravane, un groupe d’amies qui les invitent à passer un moment chez elles.
Toro bien ou Toro nanar? :
“Toro, c’est le mot que les deux personnages principaux prononcent à tout bout de champ, à chaque fois qu’ils réalisent leur check personnalisé. Pour utiliser leur jargon, on pourrait dire que le scénario “Toro vide”, les personnages “Toro crétins” et l’idée d’une mouche géante comme “Toro fil conducteur” sont de bonnes bases pour un “Toro-nanar”. Mais en même temps, on savait très bien, en entrant dans la salle de projection, que Mandibules n’aurait rien d’une oeuvre classique, puisque c’est Quentin Dupieux qui est aux commandes. A date, le bonhomme n’a réalisé que des films complètement barrés, qui font exploser les frontières entre les genres, mais aussi entre réalité, fiction et métafiction. Ses personnages sont tous aussi décalés les uns que les autres : un pneu psychopathe, un réalisateur au bord de la crise de nerfs, un type lunaire qui cherche son chien, un flic pourri, un DJ borgne, un homme amoureux d’une veste en daim… Alors, pourquoi pas un duo d’andouilles et une mouche géante répondant au doux prénom de Dominique?
Ici, il se laisse porter par un curieux concept, remixer le Dumb & Dumber des frères Farrely avec La Mouche de Cronenberg et Les Valseuses de Blier, pour livrer un film finalement assez simple et lumineux sur l’amitié, qui est finalement le moteur permettant aux deux idiots d’avancer dans la vie. On prend un certain plaisir devant cet objet cinématographique hors normes, complètement libre, déjanté et régressif, qui peut s’appuyer sur la complicité du duo Ludig/Marsais, mais aussi et surtout sur la performance d’Adèle Exarchopoulos qui laisse ici s’exprimer (très fort) son envie de jouer dans des comédies. Le reste du casting est, comme toujours chez Dupieux, complètement hétéroclite : le comédien Bruno Lochet, ex- de la troupe des Deschiens, le rappeur Roméo Elvis, l’égérie d’un cinéma indépendant français décalé, India Hair,…
Avec une trame narrative aussi légère, Mandibules est évidemment moins profond que des oeuvres comme Le Daim, Wrong et Wrong cops, les films les plus aboutis du cinéaste, mais on retrouve ça et là la patte (de mouche) de Dupieux, sa façon de cadrer les plans, de créer une ambiance décalée avec trois fois rien. C’est aussi une comédie qui ne respecte pas les codes du cinéma grand public, ce qui n’est évidemment pas pour nous déplaire, au vu du niveau, digne des chiures de Dominique, des comédies estampillées “Made in France” qui sortent ces derniers temps sur nos écrans…
”Toro pas mal”, donc avec MENTION SPECIALE pour Adèle Exarchopoulos.
Autres avis sur le film :
”Avec Mandibules de Quentin Dupieux, Venise se gondole enfin!”
(Etienne Sorin – Le Figaro)
”#Venezia77 The wild fun of #Mandibules by Quentin Dupieux is another reason why film fests exist. You can’t enjoy this alone in your room. You need a crowd. Toro émotion.”
(@Rotovision sur Twitter)
Crédits photos : Photos fournies par La Biennale di Venezia