Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le sillage de la violence » de Robert Mulligan.
« Un détenu ? C’est quelqu’un qu’on enferme pour qu’il paye le prix de ses péchés »
Henry Thomas vient tout juste de sortir de prison et retrouve avec joie sa femme Georgette et sa fille au Texas. Bien décidé à se racheter une bonne conduite, il met tout en œuvre pour subvenir aux besoins de sa famille. Homme à tout faire le jour, chanteur dans une discothèque la nuit : voilà le quotidien de cet homme nouveau. Pourtant son passé douloureux est sur le point de le rattraper.
« Je vais travailler pour t’aider à aller en Californie. Après tout, si tu as du succès, nous en profiterons aussi ! »
Comme ses collègues John Frankenheimer ou Sidney Lumet, Robert Mulligan fait partie de cette jeune génération de réalisateurs formés à la télévision qui débarquent à Hollywood à la fin des années 50. Débutant en 1957, il enchaine au cours des années suivantes des films de commande assez mineurs, le plus souvent mettant en vedette Rock Hudson (« Le sport préféré de l’homme ») ou Tony Curtis (« Les pièges de Broadway »). La reconnaissance et le succès viendront en 1962 avec « Du silence et des ombres », fable humaniste et antiraciste adaptée du roman d’Harper Lee « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », qui sera notamment récompensée par trois Oscars et qui gardera au fil des années son statut d’œuvre culte en Amérique. C’est aussi à partir de ce film qu’il affirme son propre style et les thématiques que l’on retrouvera dans la plupart de ses films : l’innocence de l’enfance face à la complexité du monde des adultes (« Un été 42 », « Un été en Louisiane ») et la dureté de l’Amérique profonde (« The pursuit of happiness », « Escalier interdit »).
« J’ai rêvé que j’étais à nouveau en prison. Ils me disaient que je pouvais sortir mais je devais trouver comment. A chaque fois, la porte était à moitié ouverte et se refermait en me claquant à la figure »
Autant de thématiques qui font le seul du « Sillage de la violence », tourné en 1965. Au centre du récit, on y trouve une femme qui part retrouver le père de sa fille au fin fond du Texas rural. Mais comme souvent chez Mulligan, les histoires d’amour se révèlent complexes et contrariées. Et quelques soient ses bonnes intentions, la douce Georgette ne parviendra jamais à apaiser les tourments de son homme, Henry, un chanteur de bar tout juste sorti de prison. Filmé au plus proche des personnages dont il cherche en permanence à capter toutes les fêlures et la complexité, « Le sillage de la violence » rappelle un peu les grands drames de Tennessee Williams et d’Arthur Miller dont le cinéma de l’époque est alors très friand. Mais plus encore que l’inéluctable déchéance de Thomas, petit musicien de province écorché vif aux rêves de gloire contrariés, Mulligan brosse en toile de fond le portrait d’une société américaine conservatrice, rigide et terriblement moraliste, sorte de machine à broyer tous les êtres incapables de se fondre dans le moule. Sans échappatoire possible. Un film sensible, qui vaut surtout pour les belles prestations de Steve McQueen (ici véritablement à contre-emploi) et de la toujours juste Lee Remick. Seul bémol, que le scénario n’ait pas su rendre son antihéros plus attachant.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une interview de Nachiketas Wignesan, professeur d’Université et critique de cinéma.
Edité par Rimini Editions, « Le sillage de la violence » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 7 juillet 2020.
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