Aussi mythique que populaire voici le premier film d'une saga qui aura marqué son époque. Adapté du premier roman éponyme (1956) de Anne Golon, qui poursuivra ensuite au vu du succès phénoménal en librairie avec son époux Serge Golon pour encore plusieurs romans jusqu'en 1987. On remarquera pourtant de nombreuses similitudes avec "Ambre" (1947) de Otto Preminger adapté du roman éponyme (1944) de Kathleen Winsor. Néanmoins, le succès des romans amènent logiquement au cinéma, dont le scénario est co-signé de Francis Cosne d'abord connu comme producteur notamment de "Les Parents Terribles" (1948) de Jean Cocteau et "Fanfan la Tulipe" (1952) de Christian-Jaque, Claude Brulé qui a signé auparavant "Les Liaisons Dangereuses 1960" (1959) de Roger Vadim et "Rocco et ses Frères" (1960) de Luchino Visconti, puis surtout Bernard Borderie réalisateur du film qui poursuit dans le film historique et de Cape et d'Epée après "Les Trois Mousquetaires" (1961) et "Le Chevalier de Pardaillan" (1962)... A peine sortie du couvent, la jeune et belle Angélique de Sancé est marié au riche Joffrey de Peyrac dont l'infirmité répulse la jeune comtesse. Mais les talents divers de son époux vont peu à peu la charmer et la pousser à défendre son mari après qu'il soit accusé de sorcellerie... Le réalisateur voulait au départ absolument une actrice blonde et rêvait de Brigitte bardot qui déclina et c'est finalement Michèle Mercier qui obtient le rôle.
Cette dernière tourne déjà depuis plusieurs années, remarquée entre autre dans "Tirez sur le Pianiste" (1959) de François Truffaut, "L'Aîné des Ferchaux" (1963) de Jean-Pierre Melville ou encore "Les Monstres" (1963) de Dino Risi. Peyrac est incarné par Robert Hossein vu auparavant dans des films comme "Du Rififi chez les Hommes" (1955) de Jules Dassin, "Le Repos du Guerrier" (1962) et "Le Vice et la Vertu" (1963) tous deux de Roger Vadim. Dans un second rôle citons Jean Rochefort qui est alors habitué du Cape et d'Epée après "Le Capitaine Fracasse" (1961) de Pierre Gaspard-Huit, (1961) de Philippe De Broca et "Le Masque de Fer" (1962) de Henri Decoin ; malgré un rôle principal dans "Symphonie pour un Massacre" (1963) de Jacques Deray où il jouait justement aux côtés de Michèle Mercier l'acteur sera encore abonné de nombreuses années aux seconds rôles. Dans un autre second rôle il y a l'italien Giuliano Gemma qui venait de jouer dans "Le Guépard" (1963) de Luchino Visconti et qui deviendra une star notamment grâce au western spaghetti avec "Le Dollar Troué" (1965) de Giorgio Ferroni et "Le Dernier Jour de la Colère" (1967) de Tonino Valerii. Puis pour finir, le rôle du roi Louis XIV est incarné par l'acteur Jacques Toja qui retrouve Borderie après "Les Trois Mousquetaires" (1961) et Jean Rochefort après "Le Capitaine Fracasse"... Les romans avaient reçu un bel accueil de la part des historiens pour le réalisme historique, le film s'avère assez fidèle au livre et sans être parfait la reconstitution reste d'un joli cachet avec des costumes et des décors qui permettent merveilleusement de nous ramener au 17ème siècle. Vis à vis du roman on notera pourtant quelques différences qui peuvent interroger, parfois plus lisse parfois moins audacieux.
Par exemple normalement Angélique ne se ravise pas au moment de perdre sa virginité, la cause du duel est un baiser volé et, surtout, le viol n'est pas précédé d'un coup violent et Angélique y prend même un certain plaisir ! Néanmoins, cette nouvelle héroïne féministe avant l'heure est assez flamboyante pour nous emporter dans l'aventure. Variation de "La Belle et la Bête" ce film réunit tous les ingrédients qu'il faut, entre romanesque en dentelle et Cape et d'Epée. Mais la vraie force de cette histoire repose sur l'idée géniale du roman, à savoir marier fiction avec des faits réels et/ou une reconstitution historique fidèle. Ainsi on croise un jeune roi soleil, le grand Condé, Jean Rochefort qui incarne un des premiers grands policiers de France, mais on aborde aussi l'apparition de quelques innovations de l'époque avec une importance non négligeable des avancées technologiques et une première évocation des poisons. En prime une vraie sensualité mise en valeur grâce à la pulpeuse Michèle Mercier. Le film sera un énorme succès mondial, effectuant même deux fois plus d'entrées en salle dans certains pays qu'en France comme l'Allemagne et l'Italie, sans compter un record en Russie. Les rediffusions télés ne démentiront jamais ce succès. Le succès du film assure la suite des aventures... A noter que la popularité de la saga a ouvert la voie à un remake, "Angélique" (2013) de Ariel Zeitoun, mais qui ne fera pas d'ombre à l'oeuvre originelle.
Note :