De quoi ça parle?
D’intrigues amoureuses dans la bourgeoisie hongkongaise des années 1930.
La jeune et naïve Weilong débarque de Shangaï pour solliciter hébergement et aide financière auprès de sa tante, Madame Liang. Mais cette dernière ne se montre pas très hospitalière. Il faut dire que le père de Weilong l’avait exclue de la famille quand elle avait choisi de devenir la maîtresse d’un riche businessman hongkongais. Elle accepte finalement de prendre la jeune débutante sous son aile, moins par obligation que par intérêt. Liang a conscience que la présence d’avenantes jeunes femmes autour d’elle est susceptible d’attirer de vieux gentlemen richissimes qui n’hésiteront pas à lui offrir des présents si elle les laisse courtiser ses protégées.
Weilang s’adapte vite à cette nouvelle vie et noue une relation avec un jeune étudiant en médecine. Mais celui-ci tombe rapidement dans les griffes de Liang, décidée à en faire son amant après qu’elle ait rompu avec son dernier amant, George Chiao, un jeune homme aussi pervers et décadent qu’elle, incapable de s’empêcher de séduire les jeunes femmes innocentes. Evidemment, la naïve Weilong est une proie facile. Il entreprend de la charmer, mais juste le temps de la mettre dans son lit, quand elle se met à rêver de mariage et de longues années de vie commune…
Pourquoi on aime un peu, mais sans passion?
Parce que ce film qui évoque à la fois le In the mood for love de Wong Kar-Wai (la description d’un amour impossible, racontée de manière feutrée et élégante) et Les Liaisons dangereuses (les manigances du duo décadent Liang/George évoquent celles de la Marquise de Merteuil et de Valmont dans le roman de Laclos), ne possède ni la charge émotionnelle du premier, ni la perversion du second.
Alors que l’intrigue a plusieurs fois l’occasion d’évoluer, elle revient toujours sur les mêmes rails, et se contente de l’évolution de la relation entre George, séducteur impénitent et irresponsable, et Weilong, qui rêve d’un amour pur et romantique. Si un piège se referme peu à peu sur eux, c’est celui des conventions sociales, qui leur impose à tous deux d’éviter le scandale. Rien de plus.
On s’en contenterait bien si l’oeuvre ne durait pas 140 minutes. C’est un peu long pour un récit aussi dénué d’enjeux dramatiques. Même si l’élégance de la mise en scène, la beauté des plans de Christopher Doyle, et la jolie partition de Ryuichi Sakamoto aident à supporter cette langueur monotone, le film sonne un peu creux.
Mais peut-être faut-il voir le film sous un angle plus politique, aborder le mariage de George et Weilong comme l’union forcée, contre nature, de la Chine et de Hongkong. L’allégorie, dans le contexte actuel de tension à Hongkong, donne au film une autre portée. Mais, sans doute parce que la censure empêche Ann Hui d’être trop explicite, peu d’éléments, dans le scénario ou la mise en scène, viennent soutenir cette piste d’analyse.
Autres avis sur le film
”Polpettone patinato, inautentico e noioso: l’improbabile mélo di Ann Hui”
(“Indigeste, inauthentique et ennuyeux : l’improbable mélo d’Ann Hui”)
( Valerio Sammarco, Cinematografico)
”Un voyage au bout de l’Ann Hui”
(Un spectateur français après la projection)