De quoi ça parle?
Du voyage étrange d’un jeune homme à la recherche de sa “vraie famille” et d’un sens à sa vie.
Après avoir quitté l’appartement familial où sa mère malade est alitée, Davud est mêlé à un incident qui l’oblige à fuir la ville. En chemin, il croise plusieurs femmes qui représentent, chacune à leur manière, le véritable amour de sa vie, potentiellement sa raison de vivre. Mais chacune de ces rencontres se termine de façon funeste, le contraignant à fuir toujours plus loin.
Au terme de son voyage, il retournera à son point de départ après avoir enfin obtenu les réponses à ses questions. Peut-être trop tard…
Pourquoi on aime?
Parce que c’est un pur exercice de mise en scène, dont la majestuosité des plans évoque quelques-uns des plus grands esthètes du cinéma mondial, de Bela Tarr – dont le cinéaste a été l’un des disciples – à Andrei Tarkovski, de Nuri Bilge Ceylan à Carlos Reygadas – l’un des coproducteurs du film.
Le voyage du personnage principal semblera sans doute interminable pour certains spectateurs, car le rythme du film est plutôt lent et contemplatif, comme chez les auteurs précités. Mais personne ne pourra nier qu’il s’agit d’un très beau voyage. Hilal Baydarov filme de manière magistrale les plaines azerbaïdjanaises, et compose des plans magnifiques, toujours à bonne distance de ses personnages, jouant sur la profondeur de champ, la distance, les lignes de ruptures pour conférer à ce récit une ambiance singulière, entre réalisme documentaire, fable fantastique et trip onirique. Sa mise en scène est peut-être sous influence, mais quelle influence! Il a en tout cas bien retenu les leçons de ses aînés. Sa mise en scène est un modèle de précision.
Il est également probable que certains n’iront pas au bout du voyage. Ils abandonneront sans doute en cours de route, perdus dans le brouillard et le propos du film, assez abscons de prime abord. Il faut être patient pour saisir où le cinéaste veut vraiment nous emmener, et être enfin cueillis par l’émotion.
Mais même sans cela, on peut s’amuser du parcours chaotique du personnage, parsemé de cadavres. Et on parvient sans peine à comprendre que le Baydarov évoque la condition féminine en Azerbaïdjan, à travers les rencontres que fait Davud : une jeune femme est agressée verbalement par un homme, puis abandonnée au bord de la route, une épouse soumise subit la maltraitance de son mari, une jeune femme subit un mariage forcée, une femme voilée est tenue à l’écart du monde par un mari absent. Et Davud lui-même se montre assez odieux avec sa mère, sans doute parce qu’il la rend responsable de son mal-être, du vide qu’il ne parvient pas à combler.
In between dying ne séduira sans doute que les cinéphiles purs et durs, mais il marque la naissance d’un grand cinéaste – même si Hilal Baydarov a déjà quelques documentaires à son actif. On le reverra sûrement dans les grands festivals de cinéma dans les années à venir.
Prix potentiels ?
Tout dépend de la patience du jury et de son goût pour l’Art & Essai pur et dur. Mais un Grand Prix ou un prix de mise en scène est possible.
L’acteur principal, Orkhan Iskandarli est en lice pour la Coupe Volpi du meilleur acteur.
Crédits photos : Official stills et affiche fournies par La Biennale di Venezia