Casse-tête chinois (2013) de Cédric Klapisch

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Troisième volet des aventures de Xavier après "L'Auberge Espagnole" (2002) et "Les Poupées Russes" (2005), et donc après les études Erasmus à 20 ans, Londres et Saint-Petersbourg à 30 ans, Xavier a 40 ans, papa et part vivre à New-York. Si le réalisateur-scénariste Cédric Klapisch avait envie de poursuivre et si ses acteurs le poussaient également le cinéaste explique qu'il attendait aussi et avant tout que son acteur fétiche (7ème film ensemble) deviennent père de famille : "Je n'aurais peut-être pas refait ce troisième film s'il n'avait pas eu d'enfants". Klapisch a aussi puisé dans ses souvenirs puisqu'il a vécu un temps à New-York où il avait notamment réalisé des courts métrages dont "In Transit" (1986). Par contre le réalisateur-scénariste a dû se résigner à ne pas inviter les amis Erasmus dans cet ultime opus : "J'ai vraiment essayé d'écrire des scènes avec William, Anne-Sophie ou les coloc de L'Auberge Espagnole... Ca n'a jamais fonctionné !"...

Xavier a vécu 10 années de bonheur, devenant entre autres un écrivain à succès et ayant eu 2 enfants avec Wendy. Malheureusement, aujourd'hui il a 40 ans et il se sépare de Wendy qui décide de partir vivre à New-York avec les enfants. Il décide donc de les suivre et part vivre à New-York où il y a déjà son amie Isabelle qui y vit avec une sino-américaine qui va l'aider à s'installer. Entre parentalité, immigration, procréation Xavier vit alors un troisème acte important de sa vie... Klapisch retrouve donc ses quatre acteurs principaux, Romain Duris qu'on aura vu entre temps dans des films comme "Molière" (2007) de Laurent Tirard et surtout "L'Arnacoeur" (2010) de Pascal Chaumeil, il retrouve donc Audrey Tautou cette même époque après "L'Ecume des Jours" (2013) de Michel Gondry, elle-même aura tourné aussi entre les opus 2 et 3 des films "Coco avant Chanel" (2009) de Anne Fontaine et "La Délicatesse" (2011) des frères Foenkinos. Les deux autres "femmes de sa vie" sont également de retour avec Cécile De France qu'on aura vu entre autre dans "Un Secret" (2007) de Claude Miller et "Le Gamin à Vélo" (2011) des frères Dardennes, puis la british Kelly Reilly qui connaîtra une évolution plus internationale avec "Eden Lake" (2008) de James Watkins et "Sherlock Holmes" (2009) de Guy Ritchie. Parmi le reste du casting on remarquera surtout des petits rôles, voir des caméos comme le réalisateur Benoît Jacquot, l'agent Dominique Besnehard, l'acteur Zinedine Soualem et le comique Kyan Kholandji dans sa première apparition au cinéma... Le plaisir de revoir Xavier et ses "amies" est évident, son évolution intéresse forcément tant ce globe-trotter bobo semble courir après le bonheur alors qu'il l'a au bout des doigts. Par contre on notera que cette fois New-York fait un peu tirez par les cheveux.

En effet, son épouse Wendy part là-bas, Xavier suit sans se poser de questions (matérielles, professionnelles... ?!) et surtout comme de par hasard son amie lesbiennes est également à New-York, tandis que vivant à Chinatown il s'avère que par une heureuse coïncidence Martine parle chinois et qu'elle vient elle aussi dans la Grosse Pomme ! Ca fait un peu beaucoup mais il y a une certaine ébullition, des rebondissements et surtout, une sorte de bonheur ambiant plus pregnant que dans les précédents opus qui était plus doux-amer. Après s'être cherché comme il cherche l'amour, dans un capharnaüm continuel il semble que l'âge assagi, Xavier du moins ! Outre ces coïncidences un peu trop nombreuses, on découvre melting-pot qui aurait pu vite devenir infernal... On retrouve les femmes de sa vie, les gosses et des thèmes tels que homosexualité, immigration, divorce... etc... qui sont traités sans être moralisateur. L'autre force reste cette énergie, cette vitalité omniprésente, ça ne peut que faire du bien. Le choix de New-York est judicieux, capital du monde et du métissage est finalement un beau symbole et qui reste cohérent avec le passé de Xavier. On retrouve le lien temporel avec "L'Auberge Espagnole" et qu'on avait perdu avec le plus ennyeux "Les Poupées Russes". Le message du film dit clairement aimez, aimez qui vous voulez, tant que vous voulez et de la façon que vous voulez mais aimez ! Le plus gênant restent la pub un peu trop présente (Nike et Apple omniprésent). On aime toujours autant les idées de mise en scène pleine de fantaisie (le français d'antan par exemple), on apprécie moins les petits passages inutiles et hors s propos (Apparition de Kyan Khojandi sorti de nulle part). Le film fera malheureusement beaucoup moins d'entrées que "Les Poupées Russes", faisant de cette trilogie des succès inversement proportionnels à leur qualité intrinsèque. Un film imparfait certe mais un troisième épisode qui reste cohérent au sein de la trilogie et finalement on passe un très agréable moment.