Pour leur dixième film, Kervern et Delépine s’attaquent frontalement à notre monde hyper connecté par le biais de trois loosers qui eux-mêmes croiseront différentes victimes, profiteurs ou combattants de ce système. Dans cette comédie douce-amère, leur marque de fabrique, ils portent à nouveau un regard aiguisé et sans concession sur notre époque quitte à ne pas faire dans la nuance. Cette comédie fait donc grincer des dents puisqu’ils décident de montrer sous un jour comico-burlesque des situations dramatiques engendrées par notre monde numérisé ; on rit donc souvent jaune voire même on n’ose pas rire. Dans sa première demi-heure, c’est un véritable catalogue des dérives actuelles qui relègue au second plan la narration et les personnages et donnent un rythme saccadé au film ; heureusement que dans un second temps, le scénario prend le relais. Le tout met le doigt sur l’inhumaine absurdité de notre époque uberisée… quitte à ne trouver aucun point positif aux nouvelles technologies avec une scène finale dans laquelle on laisse entendre que rien n’est mieux que le traditionnel téléphone pots de yaourts pour se dire que l’on s’aime. Au casting avec Blanche Gardin, Corinne Masiero et Denis Podalydès ; c’est un trio magique, magnifique ; désaxés à l’image de cette comédie frontale et barrée. Kervern/Delépine convient aussi à la fête bon nombre de comédiens, pour une scène seulement, habitués du duo : Bouli Lanners, Houellebecq, Philippe Rebbot,… avec un numéro incroyable de Poelvoorde en livreur uber eats. Fantaisie et manifeste politique, tout ce que l’on aime chez ces metteurs en scène.
Claudine Levanneur : « Le décryptage de nos vies engluées dans la surconsommation et désormais prises au piège de l'ère numérique par les rois de l'absurde et de la malice que sont Delépine et Kervern »
Juste un message à retenir : l’Homme est prêt à s’enfiler lui-même un bracelet électronique par pur addiction aux technologies… Affligeant.
Sorti en 2020
Ma note: 15/20