Après "Angélique, Marquise des Anges" (1964), son énorme succès appel forcément un suite qui est tournée dans la foulée. Le réalisateur-scénariste Bernard Borderie retrouve donc ses co-scénaristes Claude Brulé et Francis Cosne. Ils adaptent ensemble en toute logique le second roman "Angélique, le Chemin de Versailles" (1958) de Anne et Serge Golon. A l'instar du roman, le film débute donc juste après la fin du précédent film, la mythique Cour des Miracles servant ainsi de jonction. Le film demeure particulièrement fidèle au livre, les différences sont surtout l'absence personnage David, et surtout les relations de Angélique avec Degrez et Plessis-Bellière qui sont beaucoup moins complexes et ambigus que dans le livre...
Après l'exécution de son époux Joffrey de Peyrac, Angélique a trouvé refuge à la Cour des Miracles où elle est sous la protection de Calembredaine son ami d'enfance. Mais très vite Angélique retrouve son ambition et va tout faire pour passer de la Cour des Miracles à la cour de Versailles. Après maintes rencontres et maintes entreprises, la Marquise va retrouver fortune et statut... Angélique est de nouveau incarnée par Michèle Mercier, elle retrouve plusieurs partenaires qui étaient déjà dans le premier opus comme Claude Giraud/Plessis-Bellière, Jacques Toja/Louis XIV, Robert Porte/Monsieur, François Maistre/Condé, Henri Cogan/Cul-de-bois, Giuliano Gemma/Calembredaine qui devient dans le même temps une figue du western spaghetti avec "Le Dollar Troué" (1965) de Giorgio Ferroni, Jean Rochefort/Degrez qui demeure un second rôle dans ces années 60 malgré un premier rôle principal dans l'excellent "Symphonie pour un Massacre" (1963) de Jacques Deray dans lequel jouait également Michèle Mercier. On notera un caméo furtif d'un certain Bourvil en revendeur de chocolat, et deux seconds rôles joués par deux grands acteurs, Noël Roquevert qui avait là déjà plus de 40 ans de carrière et qui tournera encore une bonne vingtaine de films, puis Jean-Louis Trintignant star des films "Et Dieu... créa la femme" (1956) de Roger Vadim et "Le Fanfaron" (1962) de ... Rappelons que les romans ont en leur temps agréablement surpris par la richesse du contexte historique autour de Angélique, enrichissant d'autant ses aventures grâce à des détails véridiques et une reconstitution qui permet aux films d'être historiquement fiable.
La jonction entre les deux films repose sur la partie sur la Cour des Miracles. Angélique est tombée dans les bas fonds mais ne pas pas hésiter à user de ses charmes pour revenir au devant de la scène. Mais au contraire du premier film on a l'impression que le roman est cette fois beaucoup trop épais pour un film de 1h40. Entre le début et la fin il se passe de nombreux mois et Angélique voit se succéder autant d'amants que de rebondissements, des entreprises à une vitesse soutenue à tel point que rien n'est franchement approfondi et/ou exploité. Le scénario est particulièrement dense, ça se bouscule un peu et les ellipses font des raccourcis pas toujours judicieux. Par là même, certains passages sont maladroits et/ou peu compréhensibles. Par exemple l'officier de la prison paraît trop naïf créant une séquence trop invraisemblable, on peut aussi se poser la question de la libération de Angélique, mais le plus perturbant est que Louis XIV ne reconnaît plus Angélique (?!) ce qui est complètement incohérent vis à vis du passif entre les deux. Tourné aussitôt après "Angélique, Marquise des Anges" il semble que la précipitation n'ait pas été bénéfique. On apprécie toujours les références historiques (Fronde, poison, chocolat...) et on appréciele revoir Angélique, Michèle Mercier reste sublime, la reconstitution à la fois glamour et aventureuse fait encore son effet, mais cette suite manque d'une contruction narrative plus travaillée. Plaisant mais décevant.
Note :